Les 43 pays de l'Union pour la Méditerranée qui participeront à la réunion prévue le 25 mai prochain au Caire vont plancher sur un projet ambitieux et colossal : il s'agit d'acheminer vers l'Europe l'énergie solaire produite dans le Sahara d'ici quelques décennies. Des scientifiques travaillent déjà sur un projet dénommé Transgreen, qui sera au menu des discussions, lors de la prochaine réunion des ministres de l'Energie des pays de l'Union pour la Méditerranée. Dans les objectifs assignés, les participants vont finaliser un plan solaire, pour importer de l'énergie solaire des pays du Sud de la Méditerranée vers ceux du Nord. Il s'agit d'un énorme projet relevant des meilleures œuvres de science fiction. Des fournisseurs et des gestionnaires d'électricité ainsi que des fabricants de matériel haute tension y seront associés. Il faut signaler qu'une double ligne en courant alternatif d'une capacité de 1.400 mégawatts traverse actuellement la Méditerranée, sous le détroit de Gilbratar. Le projet Transgreen devra être prêt dans les prochaines années et il ira de pair avec un autre projet nommé Desertec, où il s'agit de construire une trentaine de centrales thermiques (et non photovoltaïques) dans le Sahara, lesquelles pourraient fournir jusqu'à 15 % de l'énergie consommée en Europe et rapporter des bénéfices conséquents aux pays du pourtour méditerranéen, dont la Tunisie. Le projet reliera la Tunisie et la Sicile avec des câbles sous-marins. Dix-sept partenaires industriels ont uni leurs forces dans le projet Desertec, soutenus par le gouvernement allemand, l'Union européenne et Greenpeace. Reste donc à mettre en place les infrastructures qui achemineront cette énergie solaire vers les pays du vieux Continent, d'où la nécessité de déployer le projet Transgreen. Consultant auprès de l'Union pour la Méditerranée, Patrick Le Berrigaud a commenté cet événement en ces termes : « des scientifiques travaillent sur ce projet, mais nous en sommes encore aux balbutiements, d'autant plus que la Méditerranée étant un écosystème fragile, il faudra prendre toutes les précautions environnementales nécessaires pour faire passer autant de câbles sous les eaux. » Le projet Transgreen rassemblera des fournisseurs d'électricité, des gestionnaires de réseaux électriques et des fabricants de matériel haute tension. Ce projet sera en tout cas de longue haleine, avec une première étape prévue de 2010 à 2012 consistant en une vaste étude de faisabilité. Transgreen a été conçu comme complémentaire au projet allemand Desertec, qui vise à créer d'ici 40 ans un vaste réseau d'installations éoliennes et solaires en Afrique du nord et au Moyen-Orient. Le consortium Desertec compte déjà 17 partenaires, dont l'italien Enel et le français Saint-Gobain. L'objectif de Transgreen serait de fournir un « schéma directeur pour les investisseurs », dans l'optique d'une augmentation de la production d'électricité renouvelable, en particulier solaire, sur le pourtour méditerranéen. Le Plan solaire prévoit la construction de capacités de production d'électricité « bas carbone », notamment solaire, de 20 gigawatts (GW) à l'horizon 2020. Une partie de cette électricité (5 GW) aura pour vocation d'être exportée vers l'Europe. L'heure est maintenant venue de faire de cette vision une réalité. Pour y parvenir, une coopération intensive entre les différentes parties et cultures impliquées est nécessaire afin de pouvoir créer une base solide pour la réalisation d'investissements dans les technologies touchant aux énergies renouvelables et aux réseaux électriques interconnectés. Il faut maintenant travailler sur les conditions économiques, techniques et réglementaires qui doivent être remplies, pour réussir ce projet…