INFOTUNISIE- La Tunisie, forte de son plan solaire (PST) qui recense tous les projets locaux en énergies renouvelables, est en mesure de tirer le meilleur profit d'un nouveau marché, celui de la tendance des Européens à se convertir à des sources d'énergie durables et inépuisables : l'éolien et le solaire. L'intérêt pour ces deux énergies s'explique par leur abondance au sud de la Méditerranée. Le soleil y est disponible pour produire de l'électricité pour plus de 4 800 heures par an. Les régions désertiques reçoivent plus d'énergie en six heures que le monde n'en consomme en une année. Il est également possible d'installer des fermes de vent sur le littoral de l'Afrique du Nord.
La Tunisie est prédestinée aux énergies renouvelables De par son positionnement stratégique, la Tunisie, forte de la diversité de ses paysages (Sahara et littoral) et de sa stabilité politique est en principe prédestinée à bénéficier, de manière significative, de ce marché d'énergie verte (toute énergie non carbonée). L'avènement de nouveaux mécanismes régionaux et internationaux de financement de l'énergie solaire en Méditerranée milite en faveur de ce scénario D'un coût estimé à 2 milliards d'euros soit 3,6 milliards de dinars, le PST, un ensemble de 40 projets, dont 17 d'énergie solaire, 3 éoliens, 7 d'efficacité énergétique, 7 de biomasse et 6 études de faisabilité du plan, peut jouer le rôle de facilitateur d'accès aux fonds bilatéraux et multilatéraux déjà existants. On recense, à l'heure actuelle, trois initiatives euro-méditerranéennes d'envergure qui méritent qu'on s'y attarde. Les trois initiatives européennes Il y a tout d'abord le Programme solaire méditerranéen (PSM). Lancé à l'initiative du Président français, lors de la présidence franco-égyptienne de l'Union pour la Méditerranée (UPM), ce plan (un de ces projets-phares concrets de l'UPM), vise à accroître l'utilisation des énergies renouvelables et à renforcer l'efficacité énergétique dans la région. Il permettra ainsi de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de réduire la vulnérabilité du système énergétique de chaque pays et de la région dans son ensemble. Autres objectifs du PSM : une production supplémentaire d' « énergie verte » à hauteur de 20 Gigawatts, à l'horizon 2020, la consommation d'une partie de l'électricité produite par le marché local, l'exportation d'une partie de la production vers l'Union Européenne, afin de garantir la rentabilité des projets, et enfin l'augmentation de l'efficacité énergétique et les économies d'énergie dans tous les pays de la région. La deuxième initiative porte la signature du groupe allemand Siemens, leader mondial dans les champs éoliens off shore et les centrales avec turbines thermo solaires. Ce groupe vient de dépoussiérer un projet dénommé Désertec, « un projet laissé dans les tiroirs pendant 30 années », selon M.Peter Locher, Président de Siemens AG. Ce projet se propose de développer l'énergie solaire au Sahara et l'énergie éolienne sur les côtes nord africaines. L'objectif est de satisfaire, d'ici 2050, 15 à 20% des besoins de l'Europe en électricité. La troisième initiative est française. Dénommée Transgreen, elle a été lancée le 5 juillet 2010 à Paris, une année après l'initiative allemande Desertec. Ce consortium, constitué d'une douzaine d'entreprises européennes (Areva, Alstom, Siemens, Abengoa, RED Electrica, etc…) avec comme chef de file EDF, étudie la réalisation d'un réseau électrique sous-marin (sous la Méditerranée) qui acheminera vers le nord l'électricité issue de l'énergie solaire produite au sud. Concrètement, Transgreen vient compléter Desertec, et pas le concurrencer, répètent les partenaires méditerranéens. A l'horizon 2020, le but avoué est de fournir 20 GW d'électricité, dont 5 auront vocation à être exportés vers l'Europe. Mais plus que cela, l'enjeu fondamental est de permettre à des pays africains de vendre une ressource naturelle inépuisable, et d'en profiter également. La Tunisie, qui dispose d'une bonne infrastructure pour transporter dans de bonnes conditions de sécurité et de fiabilité l'énergie solaire concentrée (ESC), technologie d'énergie propre et peu polluante de l'environnement, a toutes les chances d'intégrer avec succès ce réseau euro- méditerranéen d'énergie verte. Cette infrastructure est perceptible, entres autres, à travers le projet Elmed, projet d'interconnexion visant à intégrer les réseaux électriques tunisien et italien. Ce projet, qui comporte une liaison en câble sous marind'une capacité de transit de 1000 mégawatts et une centrale électrique de 1200 mégawatts, constitue un maillon stratégique pour les projets d'énergies renouvelables, notamment ceux inscrits dans le Plan solaire méditerranéen(PSM). Les japonais plus entreprenants Hormis ces trois initiatives, le PST est éligible à d'autres fonds spécialisés dans le financement des énergies non carbonées. Il s'agit du Fonds mondial pour l'Environnement (FEM) et du Fonds des technologies propres, géré par la Banque Mondiale. A ces ressources vont s'ajouter celles qui seront générées dans le cadre de la coopération avec des institutions allemande (GTZ), italienne (MEDREC), japonaise (JICA), l'Union Européenne et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Dans cette perspective, les Japonais se sont montrés plus dynamiques. Tunis et Tokyo viennent de signer (23 juillet 2010) un contrat en vertu duquel une centrale thermo- solaire pilote, d'une puissance de 5 Mégawatts, sera réalisée à El Borma (sud de la Tunisie). Le projet sera réalisé avec une contribution japonaise d'environ 40 millions de dinars sous forme de don, et une technologie nipponne de production de l'électricité à partir de l'énergie solaire. Mieux, la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (STEG)-énergies renouvelables et l'Organisation japonaise pour le développement des énergies nouvelles et des technologies industrielles(NEDO) ont conclu un autre accord favorisant la coopération bilatérale dans le domaine des énergies renouvelables. Ce programme comporte la création d'un village écologique et d'un centre d'excellence international de promotion des énergies renouvelables au sein du technopôle. Ce centre, d'un coût total de 50 millions de dollars, a pour principales composantes : un laboratoire d'analyses, deux stations de production d'énergie solaire. M. Todahiro Matsushita, vice-ministre japonais de l'économie, du commerce et de l'industrie, qui a fait le déplacement à Tunis pour signer ces deux accords a fait état de la disposition de son pays à soutenir les programmes de promotion des énergies renouvelables en Tunisie, notamment les toits solaires, qui visent l'implantation de 5000 maisons solaires à l'horizon 2016. Et M Matsshita d'appeler « à concrétiser dans les meilleurs délais, les différents programmes de coopération tuniso-japonais, dans le domaine des énergies renouvelables, afin de faire de la Tunisie « un modèle à suivre» dans le monde arabe en la matière ». Dont acte.