Le Temps-Agences - Le président syrien Bachar al Assad a reçu le leader druze libanais Walid Joumblatt hier à Damas, se réconciliant ainsi avec son ancien allié local, devenu depuis cinq ans l'un de ses plus féroces contempteurs. La rencontre, organisée grâce à une médiation du Hezbollah, conforte l'influence retrouvée de la Syrie chez son voisin, d'où elle avait dû retirer hâtivement ses troupes sous la pression internationale en 2005, après l'assassinat de Rafic Hariri. Walid Joumblatt est revenu ce mois-ci sur ses propos contre Assad au nom de la stabilité du Liban et de la protection de sa minorité druze. Joumblatt avait aussi tempéré ses critiques à l'encontre du Hezbollah après des affrontements défavorables à ses partisans et à ses alliés, qui avaient failli faire basculer le Liban dans une nouvelle guerre civile, en 2008. L'entrevue Assad-Joumblatt a "porté sur l'importance du rôle de la résistance comme garantie contre les projets israéliens", rapporte l'agence de presse syrienne Sana, faisant référence au mouvement chiite soutenu par Damas. Selon l'éditorialiste syrien Thabet Salem, la rencontre d'hier pourrait contribuer à la cohésion interne du Liban à un moment où la commission d'enquête des Nations unies sur la mort de Hariri cherche à entendre six membres du Hezbollah. Le Hezbollah a démenti tout rôle dans son assassinat. Mais, selon Salem, "il pourrait y avoir de fortes pressions sur le Hezbollah au sujet de l'affaire Hariri et consolider le front intérieur est crucial pour parer à tout problème". Selon Walid Joumblatt lui-même, les suites de l'assassinat de l'ancien Premier ministre sunnite seraient susceptibles de déclencher des affrontements sanglants entre sunnites et chiites libanais. Bien que d'autres hommes politiques libanais, y compris l'actuel Premier ministre Saad Hariri, fils de Rafic, aient ces derniers temps changé de ton au sujet de Damas, la démarche de Walid Joumblatt est loin de faire l'unanimité au Liban. L'éditeur Ghassan Toueini a estimé que, si l'assassinat de Hariri avait "révélé un être humain" chez Joumblatt, son rapprochement avec la Syrie le "ravale au rang de politicien ordinaire".