Le Temps-Agences - Le Soudan, pays africain de 40 millions d'habitants dont 16 millions d'électeurs inscrits, doit tenir d'aujourd'hui à mardi ses premières élections - législatives, régionales et présidentielle - multipartites depuis le scrutin de 1986 et le coup d'Etat en 1989 d'Omar el-Béchir soutenu par les islamistes. Mais ce scrutin sera boycotté par une grande partie de l'opposition, dont le parti Umma de l'ex-Premier ministre Sadek al-Mahdi, qui dénonce des élections truquées, et -partiellement- par les ex-rebelles sudistes du SPLM dont le candidat et principal opposant à Béchir, Yasser Arman, s'est aussi retiré. La commission électorale réglait hier les derniers préparatifs. Les autorités transportaient encore hier des bulletins de vote dans différentes régions du Soudan afin de s'assurer que les Soudanais inscrits sur les listes électorales puissent se prévaloir à partir d'aujourd'hui de leur droit de vote. La logistique est un aspect clé des élections au Soudan, un pays de 2,5 millions de kilomètres carrés, où certaines régions sont complètement isolées. Les inquiétudes sur la préparation électorale ont alimenté les polémiques au Soudan sur un éventuel report "technique" du scrutin venant s'ajouter à un report "politique" demandé par une partie de l'opposition qui estime que les conditions d'un scrutin "libre et juste" n'étaient pas réunies. La Fondation Carter avait suggéré à la mi-mars un léger report du scrutin pour des raisons techniques ce qui avait irrité les autorités soudanaises. Jimmy Carter devait s'entretenir hier à Khartoum avec le président Omar el-Béchir, qui avait menacé d'expulsion les observateurs étrangers s'ils demandaient un report du scrutin ou s'ingéraient dans les affaires internes du Soudan. Mais le président soudanais a assoupli le ton au cours des derniers jours, faisant même l'éloge public de Jimmy Carter. M. Béchir compte sur ces élections pour regagner en légitimité un an après le mandat d'arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale (CPI). Les partis politiques soudanais appelaient vendredi 9 avril leurs partisans à la mobilisation avant les élections de dimanche, au dernier jour d'une campagne dominée par le président Omar el-Béchir, assuré de sa réélection. Dans la rue, les Soudanais semblaient peu intéressés par ces élections générales.