Le Temps-Agences - L'annonce de la mort des deux chef d'Al-Qaïda en Irak est un coup rude pour le principal mouvement de rébellion mais la violence risque de persister jusqu'à l'élimination des cadres intermédiaires de cette organisation, estimaient hierles experts. Le chef politique d'Al-Qaïda en Irak, Abou Omar al-Bagdadi, et son chef militaire, Abou Ayyoub al-Masri, qui entretenaient des relations suivies avec Oussama ben Laden selon Bagdad, ont été tués dimanche lors d'une opération conjointe irako-américaine dans une région désertique près de Tikrit, berceau de la famille de Saddam Hussein, au nord de la capitale. Selon un communiqué militaire à Bagdad, l'opération intitulée le "saut du lion" avait débuté le 11 mars par l'arrestation d'un important responsable d'Al-Qaïda. Le général Ray Odierno, commandant en chef des forces américaines en Irak, a confié que ces morts faisaient suite à une série d'actions communes "ces derniers mois ayant porté des coups à Al-Qaïda". Ces opérations montrent l'amélioration de la coordination entre les armées américaine et irakienne mais il reste du chemin à faire, estime Brian Fishman, un expert en lutte antiterroriste à la fondation "New America", à Washington. "Il est clair que les services de renseignements américains et irakiens étaient bien informés et ceci aura un effet important sur Al-Qaïda en Irak", affirme-t-il. "La mort de Masri détruit un lien très important avec le centre d'Al-Qaïda (Ben Laden) mais cela ne signifie pas pour autant qu'il n'en existe pas d'autres", ajoute M. Fishman, auteur d'un livre intitulé "Disfonctionnement et déclin: les leçons de l'intérieur d'Al-Qaïda en Irak". Les forces américaines ont toujours assuré que Masri, égyptien comme le numéro deux d'Al-Qaïda Ayman Zawahiri, avait remplacé le Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, tué en juin 2006 en Irak et considéré jusqu'alors comme le chef d'Al-Qaïda en Irak. "Al-Qaïda saigne, ses dirigeants tombent, nous mettons la main sur leurs communications et leur réseau, Al-Qaïda est devenu trop faible pour représenter un danger", avait déclaré lundi le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, en soulignant cependant qu'il ne fallait "pas baisser la garde jusqu'à sa totale élimination". S'agissant de l'élimination de Bagdadi, M. Fishman s'est lui montré dubitatif, rappelant que les autorités irakiennes avaient déjà annoncé par le passé sa mort. "J'ai besoin d'avoir plus de détails sur (la mort de) Bagdadi. Je suis prêt à être convaincu mais pour le moment je suis encore sceptique", dit-il. Pour Charles Heyman, un analyste militaire basé en Grande-Bretagne, ces morts démontrent que les militaires irakiens et américains travaillent mieux ensemble mais cela ne signifie pas la défaite de l'insurrection. "Il faut se demander si, après l'élimination des chefs, d'autres peuvent les remplacer", explique-t-il. "Dans les organisations terroristes, il faut toujours avoir un oeil sur les cadres intermédiaires, car une action comme celle de dimanche crée un vide qui peut être comblé par d'autres", suggère-t-il. Pour lui, "le seul moyen de juger la situation est d'analyser le niveau de violence dans le pays, et il est encore élevé". Pour le général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak et en Afghanistan, la mort de "Bagdadi et Masri constitue une étape importante dans les efforts pour éliminer l'extrémisme en Irak". ----------------------------- Un autre responsable d'Al-Qaïda, tué Le Temps-Agences - Un responsable du réseau Al-Qaïda en Irak a été tué hier dans le nord du pays dans le cadre d'une opération conjointe des troupes irakiennes et américaines, a-t-on appris auprès de l'armée irakienne. Le général Kassim al-Moussaoui, porte-parole de l'armée irakienne, a précisé hier qu'Ahmed al-Obeidi avait été tué tôt dans la matinée dans la province de Ninevah. Egalement surnommé Abou Souhaib, il était chargé des opérations d'Al-Qaïda dans les provinces de Kirkouk, Salahouddine et Ninevah, a précisé le porte-parole. L'armée américaine a affirmé que les forces américaines et irakiennes maintiendraient la pression sur Al-Qaïda, qui a récemment commis plusieurs attentats contre des civils à Bagdad, profitant de l'impasse politique issue des élections du 7 mars pour tenter de semer le chaos dans le pays. Dans le passé, l'organisation terroriste a souvent réagi à la mort de ses dirigeants par de nouveaux attentats.