La pression s'est nettement accrue, hier, sur les dirigeants de la zone euro qui doivent formaliser à Bruxelles l'accord sur l'aide à la Grèce et surtout tenter d'enrayer une contagion à d'autres pays soumis à des attaques qui ont de nouveau fait plonger les Bourses mondiales. Peu avant la clôture des marchés pour le week-end, Paris cédait plus de 5%, Londres, Francfort et Milan plus de 4%, Moscou 5,38%, Madrid 4,26%, Bruxelles 4,55%, Lisbonne 3,41%. Athènes a achevé la séance à -2,86%. La Bourse de New York a ouvert en baisse : très rapidement, le Dow Jones chutait de 2,25% et le Nasdaq de 3,52%. Peu auparavant, le Parlement allemand avait approuvé la participation d'une Allemagne longtemps réticente au plan de sauvetage financier de la Grèce qui avait elle-même adopté la veille des mesures d'austérité draconiennes dans un climat de violence sociale. A Madrid, à l'issue d'un Conseil des ministres, la vice-présidente du gouvernement espagnol Maria Teresa Fernandez de la Vega a dénoncé hier "les attaques spéculatives inacceptables" qui ont fait plonger la Bourse de Madrid cette semaine, soulignant que le nouveau code pénal espagnol punira ces pratiques. Le président de l'Autorité des marchés financiers en France Jean-Pierre Jouyet a annoncé que son pays allait enquêter "par tous les moyens" sur "les rumeurs infondées" qui ont visé l'Espagne et l'Italie, qualifiées de maillons faibles de la zone euro par des analystes financiers. "Il y aura enquête et sanctions" contre les spéculateurs, a-t-il affirmé. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, avait pourtant donné de la voix jeudi, sans parvenir à rassurer. "Le Portugal n'est pas la Grèce, l'Espagne n'est pas la Grèce", avait-il insisté, assurant qu'un défaut de paiement d'Athènes était pour lui "hors de question". Hier, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a comparé la situation de la Grèce à la banqueroute de la banque Lehman Brothers, affirmant qu'une faillite de la Grèce pourrait paralyser le système financier mondial et provoquer une récession planétaire. Les gouvernements italien et espagnol ont pris hier des décrets-lois sur l'aide à la Grèce, et le parlement de Lisbonne a lui aussi approuvé un projet de loi qui prévoit la participation du Portugal à l'effort financier en faveur d'Athènes, en dépit de ses propres difficultés budgétaires. Les ministres des Finances des grands pays industrialisés du G7 ont eu une conférence téléphonique d'urgence hier sur la crise qui agite les marchés, a indiqué un responsable d'un des pays du G7. Interrogé sur les conclusions de cette réunion, cette source s'est refusée à tout commentaire.