L'influence réciproque entre les deux rives de la Méditerranée, est la première impression qui se dégage des oeuvres qu'expose actuellement, le sculpteur sicilien, Mariano Brusca, à la Maison des Arts du Belvédère. Des œuvres en terre cuite que l'artiste a réalisées à Djerba après un long travail de préparation entamé depuis des mois, et qui l'a obligé à faire de nombreux allers-retours entre la Sicile et la Tunisie afin de mener à terme une aventure artistique, unique en son genre. Fasciné par le savoir- faire des artisans de cette région de la Tunisie, il s'est rendu à Guellela, village berbère situé sur la côte opposée à Houmt Essouk, une zone riche en argile et très appréciée par les étrangers, grâce à sa production artisanale de vases en argile et de terre cuite, aux couleurs vives et aux arabesques toujours originaux. Et c'est dans l'atelier des frères Sakal, que Bruscia est parvenu à réaliser des œuvres inédites, inspirées de la richesse du patrimoine berbère, rappelant étrangement, celui du village de Burgio en Sicile. Pour l'artiste, c'est une véritable synthèse entre les deux îles mythiques de la Méditerranée : Djerba et Burgio. Adel Sakal, précise t-il, est l'un des derniers gardiens de l'art de travailler l'argile selon la manière berbère, rappelant les préceptes des anciens Egyptiens. En effet, les fours et l'atelier de la famille Sakal datent d'au moins, 350 ans. Les secrets du métier sont soigneusement protégés de l'invasion des nouvelles technologies et sont transmis de père en fils depuis onze générations. « Je me considère, a -t-il confié, comme un privilégié pour avoir pu partager avec eux, des journées splendides par amour inconditionnel pour l'art de pétrir l'argile ». Un véritable clin d'œil au passé ; les boules d'argile sont modelées puis sont cuites dans un ancien four alimenté par un feu de bois de palmier. Les formes traditionnelles des jarres et des gargoulettes berbères se transforment en véritables œuvres d'art. Mariano modèle l'argile, sculpte ses têtes en leur redonnant l'identité recherchée. Envoûté par les techniques antiques auxquelles s'adonnent les artisans de Guellela, il parvient à réaliser ses modèles en se basant sur un dessin rapide et schématique, grâce à une manipulation rapide de la matière, lui permettant d'atteindre la forme souhaitée. Né à Palerme en 1966, Mariano Brusca obtient en 1985, le diplôme de peinture de l'Institut d'Art de Palerme et en 1989, celui de sculpture à l'Académie des Beaux Arts. Ayant plusieurs cordes à son arc, Brusca ne se limite pas uniquement à la peinture et à la sculpture, il s'applique également à la photo, au graphisme publicitaire, à la restauration et aux décors de théâtre ; en 2004, il réalise les décors de « Mille e un velo », un spectacle mis en scène dans le cadre de Taormina Arte . Il collabore par ailleurs en tant que photographe avec la Maison d'édition, Krea de Palerme. Il a choisi pour ses œuvres, le thème de la sculpture classique grecque qu'il interprète à sa façon à travers une polychromie personnelle et certaines techniques des arts appliqués, (mosaïques, fusion en bronze, sculpture de la pierre et du bois, céramique, etc…) Organisée par la Section culturelle de l'Ambassade d'Italie, l'exposition « Terre mémoire », vient confirmer encore une fois, un thème cher aux Italiens, celui de l'appartenance à la Méditerranée.