La menace d'une grève générale pour protester contre le plan d'austérité gouvernemental se précise en Espagne, même si les syndicats hésitent à franchir le pas. "Nous en sommes désormais plus proches qu'il y a une semaine", déclaré hier le secrétaire général du syndicat des Commissions ouvrières (CCOO). Mais il a ajouté: "Une grève générale serait la pire des choses qui puisse arriver à l'Espagne." "Nous aurons cette semaine d'intenses négociations, principalement avec les représentants du patronat, mais aussi avec le gouvernement, pour parvenir à un accord", a-t-il dit à des journalistes. "(Mais) les mesures d'austérité ont eu un impact très direct sur la table de négociations", a-t-il noté, ajoutant que des éléments importants du plan de réformes, tels que la relance de l'emploi pour les jeunes, nécessitent de l'argent. Les CCOO, principal syndicat du pays, et l'Union générale des travailleurs (UGT), la seconde centrale du pays, ont déjà lancé un mot d'ordre de grève dans la fonction publique le 8 juin prochain. Pour prouver aux marchés que l'Espagne peut maîtriser son déficit budgétaire, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé un plan d'austérité qui prévoit notamment une forte réduction des salaires de la fonction publique et des dépenses d'investissement de l'Etat. En dépit de sondages défavorables et des menaces des syndicats, José Luis Rodriguez Zapatero a affirmé hier que le gouvernement résisterait aux pressions et ne reviendrait pas sur son plan, qui vise à économiser 15 milliards d'euros sur deux ans. "Je sais qu'il y a des protestations de la part de ceux qui ne partagent pas les vues du gouvernement, comme les syndicats, mais nous ne changerons pas", a-t-il dit lors d'une réunion de son Parti socialiste (PSOE) à Elche, dans le sud-est de l'Espagne. "Personne ne peut douter que l'Espagne est un pays fort et une puissance économique qui remplira ses obligations et paiera ses dettes", a-t-il ajouté. Alors que le chômage a dépassé récemment la barre des 20% de la population active, Madrid a annoncé la suppression de 13.000 postes dans la fonction publique cette année. Les salaires des fonctionnaires seront en outre réduits de 5% en 2010 et gelés en 2011. Un sondage réalisé le 13 mai, au lendemain de la présentation du plan d'austérité, montre que l'avance de l'opposition de droite dans les intentions de vote a plus que doublé. L'ancien président conservateur du gouvernement, José Maria Aznar, a exhorté son successeur à démissionner en invoquant l'incapacité historique des socialistes à sortir le pays d'une crise économique.