MADRID (Reuters) — Le gouvernement espagnol a annoncé hier une forte réduction des salaires et des investissements publics, provoquant la colère des syndicats par cette initiative visant à prouver aux marchés que l'Espagne peut maîtriser son déficit budgétaire. Dans le cadre du plan de réduction des déficits le plus sévère depuis longtemps envisagé par le gouvernement socialiste, le Premier ministre, José Luis Rodriguez Zapatero, a indiqué que Madrid entendait économiser 15 milliards d'euros cette année et et l'an prochain à travers notamment une baisse de six milliards d'euros des investissements publics. "Nous devons faire un effort particulier, exceptionnel et extraordinaire pour réduire notre déficit public et nous devons le faire maintenant que notre économie commence à se redresser", a déclaré au Parlement José Luis Rodriguez Zapatero. Le chef du gouvernement a aussi annoncé la suppression de 13.000 postes dans la fonction publique cette année. Les salaires des fonctionnaires seront réduits de 5% en 2010 et gelés en 2011. Les syndicats, déjà mécontents du relèvement de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans, ont réagi vivement. "Ces mesures confirment que le gouvernement veut mettre en place un plan d'austérité sévère. C'est la fin de la ligne de conduite tenue jusqu'à maintenant par le Premier ministre et qui va entraîner un changement dans ses relations avec les syndicats", a prévenu Candido Mendez, chef de file de l'UGT, deuxième plus importante confédération syndicale espagnole. Le modèle irlandais "Après la réunion de l'UE de ce week-end, il est devenu très clair que l'Espagne et le Portugal, et en particulier l'Espagne, devaient en faire davantage en matière de réduction des déficits", note José Garcia Zarate, économiste chez 4cast. "Ils ont donc annoncé cela, en se fondant sur le modèle irlandais." Et l'économiste d'ajouter que les "réductions ont lieu là où ça fait mal", surtout sur les salaires des fonctionnaires. Le gouvernement adoptera ces mesures demain, a ajouté José Luis Rodriguez Zapatero. Les régions seront aussi mises à contribution. Il leur sera demandé d'économiser 1,2 milliard d'euros sur leurs budgets. La pression s'est accrue sur le gouvernement espagnol durant la semaine après le coup de téléphone de Barack Obama mardi soir exhortant José Luis Rodriguez Zapatero à une attitude "résolue" dans ses efforts pour mettre en œuvre ses réformes économiques. Les mesures annoncées hier devraient en l'occurrence permettre de ramener le déficit budgétaire espagnol à 9,3% du produit intérieur brut (PIB) cette année, et à 6% en 2011, contre 11,2% en 2009. Ce déficit devrait ensuite être ramené à 3% du PIB d'ici 2013. Ben May, de Capital Economics, prévient néanmoins que des mesures supplémentaires devraient être nécessaires, d'autant plus que "la croissance espagnole va être assez faible au cours des deux prochaines années". En la matière, si l'économie espagnole a crû pour la première fois en près de deux ans au premier trimestre, le rythme de croissance affiché est faible et devrait probablement le rester. Ben May estime toutefois, que par rapport à la Grèce, l'Espagne a davantage de temps pour préparer l'opinion publique sur ses mesures d'austérité difficiles.