L'Iran a avisé formellement hier l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de l'accord d'échange de combustible nucléaire conclu la semaine dernière à Téhéran avec le Brésil et la Turquie. Aux termes de ce document qu'il présente comme une "percée", l'Iran transférerait 1.200 kg d'uranium légèrement enrichi en Turquie et recevrait en échange du combustible pour son réacteur de recherches médicales à Téhéran. Les puissances occidentales considèrent que l'accord, qui reprend les grandes lignes d'un compromis accepté il y a plus de six mois puis renié par l'Iran, est dépassé par les événements, Téhéran ayant réaffirmé sa volonté de poursuivre ses activités d'enrichissement de l'uranium. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne, interlocuteurs de Téhéran sur ce dossier, en sont désormais au stade d'un quatrième train de sanctions contre l'Iran au Conseil de sécurité des Nations unies. Pour sa part, l'Iran a menacé de jeter aux orties son accord avec le Brésil et la Turquie, considéré par les "Six" comme à minima et trop tardif, si le Conseil de sécurité adopte le mois prochain comme prévu le projet de nouvelles sanctions. Le responsable du programme nucléaire iranien, Ali Akbar Salehi, a officiellement informé de cet accord le directeur de l'AIEA, Yukiya Amano, lors d'une rencontre de 45 minutes hier matin à Vienne, siège de l'agence. Selon l'agence de presse officieuse iranienne Fars, cette démarche "marquera le début de négociations plus en détail sur l'échange de combustible" avant la signature d'un accord écrit avec l'AIEA. Les grandes puissances doutent de la nouvelle position iranienne dans la mesure où les 1.200 kilos d'uranium faiblement enrichi que Téhéran accepterait de transférer ne représentent plus l'essentiel de ses stocks, fortement consolidés depuis la première proposition d'échange convenue avec les Etats-Unis, la Russie et la France.