TEHERAN (Reuters) — L'Iran renoncera à son accord avec la Turquie et le Brésil sur l'échange d'uranium enrichi si Washington impose de nouvelles sanctions à la République islamique, a déclaré à son tour hier le président du Parlement iranien, Ali Larijani. Téhéran pourrait également, en cas de sanctions, revoir sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), a-t-il précisé à la radio-télévision iranienne Irib. "Si les Américains recherchent l'aventure, soit au Conseil de sécurité de l'Onu soit au Congrès (des Etats-Unis), tous les efforts de la Turquie et du Brésil auront été vains et cette voie sera abandonnée", a-t-il ajouté. "Dans une telle situation, le Parlement (iranien) prendra une décision pour ce qui est de la coopération avec l'Aiea." Le Parlement peut obliger le gouvernement à revoir ses relations avec l'Aiea, comme cela a déjà été le cas en 2006, lorsque l'organisme nucléaire onusien, basé à Vienne, avait décidé de transmettre au Conseil de sécurité le dossier du nucléaire iranien. Jeudi, Mohammad Reza Bahonar, député influent du Majlis, avait déjà averti que l'Iran pourrait annuler l'accord négocié avec la Turquie et le Brésil en cas de nouvelles sanctions. Signé lundi dernier à Téhéran, cet accord porte sur un échange de combustibles nucléaires: l'Iran enverrait 1.200 kg d'uranium faiblement enrichi en Turquie et obtiendrait en échange du combustible nucléaire pour un réacteur de recherche médicale situé dans la capitale. Le calendrier de l'"accord de Téhéran" prévoit un premier transport d'uranium iranien vers la Turquie dans un délai d'un mois. Ce schéma reprend les grandes lignes d'une proposition présentée en octobre dernier par l'Aiea. L'idée était alors de réduire les stocks iraniens d'uranium faiblement enrichi, et de limiter de ce fait le risque que des scientifiques iraniens ne l'enrichissent à des niveaux supérieurs, de qualité militaire cette fois. Les Etats-Unis ont parallèlement obtenu l'accord des cinq autres puissances impliquées dans le dossier iranien sur un projet de résolution ouvrant la voie à une quatrième série de sanctions contre l'Iran depuis décembre 2006. Ce texte a été officiellement remis mardi au Conseil de sécurité des Nations unies. L'Iran, mais aussi la Turquie et le Brésil, ont demandé la suspension des discussions onusiennes sur ce quatrième train de sanctions.