Les 189 pays signataires du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) sont arrivés, avant-hier soir, un accord crucial, en adoptant par consensus un document qui propose de débattre sur l'interdiction totale des armes de destruction massive dans tout le Proche-Orient, dont Israël. Il s'agit du premier accord de révision du TNP en dix ans. Il évoque également d'autres volets de la non-prolifération, comme le désarmement, la vérification des programmes nucléaires nationaux pour assurer qu'ils sont pacifiques, et l'usage pacifique de l'énergie atomique. Les membres signataires du TNP se sont accordés, par ailleurs, pour organiser en 2012 une conférence internationale "à laquelle tous les Etats de la région sont censés participer et devant mener à l'établissement" d'une telle zone. Cette conférence implique donc la présence de l'Iran et d'Israël. Une "zone dénucléarisée" au Proche-Orient aurait plusieurs conséquences, en premier lieu obliger Israël à signer le TNP, qui date de 1970, et à renoncer à son arsenal atomique, dont il n'a jamais reconnu ni démenti l'existence. Israël serait également tenu de placer ses installations nucléaires sous surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Washington s'est engagé à œuvrer au succès d'une telle conférence en "créant les conditions" nécessaires, selon Ellen Tauscher, sous-secrétaire d'Etat chargée du contrôle des armements et de la sécurité internationale. Peu après l'accord, le président Obama s'est réjoui de cette avancée. "Cet accord comporte des étapes équilibrées et réalistes qui feront avancer la non-prolifération, le désarmement nucléaire et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, qui sont des piliers importants du régime global de non-prolifération". Toutefois, Obama s'est dit "fortement" en désaccord avec le fait que la conférence ait singularisé Israël. Israël critique, l'Iran applaudit L'Etat hébreu n'a pas encore réagi officiellement, mais un haut responsable gouvernemental s'est emporté, sous couvert d'anonymat, contre "l'hypocrisie" de l'accord. "Seul Israël est mentionné alors que le texte passe sous silence d'autres pays comme l'Inde, le Pakistan, la Corée du nord qui disposent d'armes nucléaires ou, plus grave encore, l'Iran qui cherche à s'en doter", a-t-il déploré. L'Iran, justement, a applaudi l'accord par la voix du représentant de l'Iran à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Ali Asgar Soltanieh. Il s'est féllicité de ce "pas en avant vers la création d'un monde sans armes nucléaires". Interrogé sur les réserves américaines concernant la demande faite à Israël, Soltanieh a estimé qu'elles étaient "symboliques". "Les Etats-Unis sont obligés de suivre la demande de la communauté mondiale, qui est qu'Israël adhère au TNP et ouvre ses installations nucléaires aux inspecteurs de l'AIEA", a-t-il prédit. La création d'une zone sans armes nucléaires au Proche-Orient avait été proposée à une conférence de suivi du TNP en 1995. Ces conférences se tiennent tous les cinq ans. Depuis, les pays ne possédant pas l'arme nucléaire ont regretté le peu d'avancées de ces conférences, accusant Israël d'échapper injustement aux mécanismes de vérification prévus par le traité. Entré en vigueur en 1970, le TNP a servi de directive mondiale pour limiter la prolifération des armes nucléaires. Il repose sur un marchandage : les puissances nucléaires s'engagent à désarmer tandis que les autres renoncent à acquérir la bombe en échange d'aide pour développer des programmes nucléaires pacifiques.