Plaçant la barre toujours haut, contre vents et marées, et en dépit d'un manque de moyens qui aurait pu en paralyser l'essor, le Salon International de la Bande Dessinée de Tazarka qui en est aujourd'hui à sa 14ème édition a choisi l'Algérie comme invité d'honneur de la manifestation, compte tenu de sa très grande tradition en la matière, englobant également la caricature et le dessin de presse, qui a ses codes et ses références, et ses signatures incontournables et quasi indétrônables. Nous pensons à Slim, mais aussi à Dilem pour ne citer qu'eux. Manière de donner un avant-goût de la manifestation, et d'en ramener une petite partie à Tunis avant qu'elle ne prenne ses assises à Tazarka, le coup d'envoi du Salon a été donné le jeudi 24 à l'Espace Com'Art des Assurances Comar (Tunis), avec une rencontre fort sympathique, qui a réuni notamment, des bédéistes tunisiens (Lotfi Ben Sassi) et algériens (Ghezaili Nasreddine, bédéiste et caricaturiste) et Lazhar Labter (éditeur). Longtemps considérée comme un art mineur, ou comme une sorte de parent pauvre à la remorque, la bande –dessinée qui a acquis aujourd'hui ses lettres de noblesse et est célébrée à travers de grands festivals qui lui sont consacrés, à l'exemple du Salon d'Angoulême en France, a investi le champ des éditions, ainsi que celui de la publicité, générant par ailleurs une véritable industrie, à l'instar de celle des « Mangas » japonais, et insufflant au secteur, un regain d'énergie et de vie puisque la BD, et c'est là sa force, a su s'emparer avec intelligence, du politique comme du social, pour le traduire à sa manière, en en grossissant le trait ou en usant de l'ellipse, l'humour à la clé comme manière d'antidote, et l'imposant ainsi comme un genre à part entière. Un genre que l'on pourrait croire accessible à tout le monde, qui a l'apanage de cibler tout aussi bien les enfants, que les adultes, mais qui en réalité, demeure un privilège de quelques élus des dieux, au talent flamboyant, dont les albums s'arrachent comme des petits pains, mais qui encourent par ailleurs, sous certaines latitudes, des risques énormes s'ils ont « l'outrecuidance » de piquer au vif, là où il est préférable de ne pas trop tourner le regard. Et c'est généralement la caricature ou le dessin de presse qui ont le plus souvent l'heur de déranger plus qu'à leur compte, étant pourvus d'une force de frappe, percutante, surtout si l'engagement en constitue le socle.