En collaboration avec l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat, le ministère de l'Industrie et de Technologie et l'Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Etablissements Financières (APTBE) ont organisé, hier, un séminaire sur « les nouvelles mesures en faveur de la restructuration financière des PME ». C'est une première en Tunisie, car selon M Anis Fourati, Expert Financier « il ne faudrait pas confondre entre les mécanismes d'autofinancement proposés par l'Etat, et cette procédure de structuration financière des entreprises, notamment des petites et moyennes entreprises (PME) ». Inaugurant les travaux de ce séminaire au siège de l'Utica, M. Ridha Chalghoum, ministre des Finances a souligné que « l'un des mécanismes sur lesquels repose la politique de l'Etat consiste à promouvoir l'investissement, pour atteindre un volume de 98321 millions de dinars au cours de la période 2010- 2014, ce qui permettra à l'investissement de rehausser sa contribution dans la croissance du PNB de 23,9% en 2009, à 26% en 2014. La contribution de l'investissement devrait ainsi atteindre 18,6% dans le taux de croissance ». Le secteur privé aura ainsi un rôle primordial dans l'atteinte des objectifs assignés, puisque sa contribution doit enregistrer une croissance annuelle constante de 13,8%, afin que sa part atteigne les 60,8% des investissements globaux. Mais comment atteindre ces objectifs alors que l'entreprise tunisienne souffre d'un ensemble de contraintes qui menacent même sa pérennité ? « Le tissu industriel tunisien est constitué essentiellement de PME fortement endettées et sous capitalisées, elles ne disposent pas de capitaux permanents suffisants, ainsi la situation financière de ces PME est souvent déséquilibrée », a pour sa part précisé M. Leila Khayyat, vice-présidente de l'Utica. Pour elle « la restructuration financière est devenue une condition nécessaire et urgente pour la mise à niveau d'un nombre assez important d'entreprises approuvées par le Comité de pilotage du Programme de mise à niveau sous réserve de restructuration financière ». Avec un sujet aussi pesant, et en vue de concrétiser le plan de mise à niveau, un fonds commun de placement a été créé le 9 février 2010. Sa mission est de renforcer la structure financière des petites et moyennes entreprises (PME). Il est baptisé « Taahil'Invest ». Le conseil du marché financier a donné, 17 mars dernier, son agrément pour la constitution d'un fonds commun de placement à risque d'un montant de 25 millions de dinars, et ce au vu de la demande présentée conjointement par la société « SAGES SA », en sa qualité de gestionnaire et la Société Tunisienne des Banques (STB) en qualité de dépositaire. « Ledit fonds devrait permettre aux PME de développer leur compétitivité, de renforcer leur potentiel de création d'emploi et de favoriser leur intégration dans l'économie mondiale ainsi que d'améliorer leur productivité ».Tout court, le Fonds permettra aux PME de résoudre leurs problèmes de financement. « Taahil'Invest » cible essentiellement les projets dont les investissements varient entre 100 mille et 5 millions de dinars avec des prises de participations dans la limite de 49% du capital social des projets, avec un ticket minimum de participation de trente mille dinars. Ce fonds sera aussi d'un grand appui aux entreprises affiliées au programme de mise à niveau et opérant dans le secteur de l'industrie et des services connexes, ainsi que toute PME présentant un programme de développement jugé « pertinent et ayant un fort potentiel de croissance ». Ceci voudrait dire que le Fonds, permettra aux entreprises de recentrer les efforts sur la croissance, au lieu du fait que les chefs d'entreprises passent une bonne part de leur temps à assurer la vie de leurs PME, au jour le jour. Autre fait, le projet ne concerne que les entreprises installées ayant déjà adhéré au programme de mise à niveau, ce qui veut par ailleurs dire une exclusion directe de toute entreprise récemment créée. Une entreprise qui a le plus besoin de financement. Le rôle des banques demeure quant à lui ambigu. Sont-elles prédisposées à s'investir davantage dans cette politique ?. Ou contenterons-nous des mécanismes de restructuration déjà existants, et qui malgré leur nombre croissant n'ont pas permis jusque-là d'assainir la situation financière des entreprises soumises à une obligation de restructuration.