Les Etablissements Publics de Santé « EPS » ne répondent pas, à temps, aux attentes des malades qui se trouvent contraints à s'adresser au secteur privé moyennant des dépenses souvent supérieures à leurs capacités financières. En effet, les patients ne cessent de répéter que les durées d'attente dépassent les seuils acceptables dans des pathologies vitales telles que la cardiologie, la néphrologie. Ils regrettent aussi que les soins par radiothérapie - qui n'attendent normalement pas - accusent pourtant du retard, ce qui minimise les chances de guérison. Ces propos sont confirmés par le corps médical qui déplore, en plus, le manque de personnel paramédical et, aussi, la centralisation poussée qui ne cesse de freiner la célérité de la réaction des EPS face aux attentes du public. Les médecins regrettent aussi que les structures lourdes disponibles ne sont pas à la pointe du progrès et qu'elles sont dépassées techniquement et médicalement, même par le secteur privé en Tunisie. Ils constatent que cette situation affecte la qualité des soins dispensés qui souffre déjà d'un déficit chronique en personnel et en budget. Un tel état risque même d'affecter la formation médicale et paramédicale et la recherche scientifique censée demander des techniques de pointe. Seulement, est-ce que cette infrastructure est disponible dans les EPS ?
L'autonomie en question
Il est certain que les œuvres et les actions sociales restent encore parmi les priorités des programmes politiques. D'ailleurs, la santé publique « bouffe » une partie importante du budget de l'Etat. Seulement, les nouvelles écoles de la gestion exigent de tout quantifier pour éviter les déséquilibres budgétaires. L'heure est donc au planning et à la prévision. Et pour ce qui est des EPS, leur régime de fonctionnement stipule que l'Etat se charge de payer leur personnel et investit dans le matériel lours alors que leur gestion quotidienne se fait sur leurs fonds propres. C'est une variante de gestion autonome. Or, à la lumière des années passées sous ce régime de gestion, il ressort un déficit chronique en moyens humains et matériels. Plusieurs professeurs constatent : « les services ne parviennent pas à travailler même en double séance, faute de personnel paramédical. les EPS sont, aussi, en régression par rapport au standard international dans les soins de base. On déplore notamment un retard évident dans l'entretien ( et le renouvellement) du matériel, faute de moyens matériels. Un scanner (ou un ascenseur) peut rester des mois en panne. Pourtant, c'est aussi important pour la santé des patients que les médicaments vitaux. Comment voulez-vous donc qu'il n'y ait pas autant de retard dans les prestations ? La mise à niveau envisagée dans les EPS doit s'intéresser prioritairement à ces volets. On déplore aussi que le corps médical ne soit pas majoritaire dans les conseils d'administration des structures de santé. C'est à eux que doit revenir le classement des priorités. Donc, s'il est vrai qu'on parle d'autonomie des EPS, le système actuel de gestion ne nous assure pas les moyens pour garantir la qualité requise des soins, ni même de la recherche et de la formation universitaire. Regardez de près l'état financier des EPS et vous comprendrez nos attentes par rapport à la mise à niveau. La qualité de la santé, c'est une question de ressources humaines et matérielles. Les compétences tunisiennes font des merveilles à l'étranger. Donnez leur les mêmes moyens avant d'exiger les mêmes prestations. ». C'est là que se situe la principale problématique de la mise à niveau. La CNAM et sa réforme de l'assurance maladie ont du pain sur la planche.