Une jeune femme qui a dépassé la trentaine de quelques encablures, mais en jetant un coup d'œil sur son casier judiciaire, on croirait qu'elle en avait le double, tellement il était chargé. En tout cas, elle a mené une vie turbulente et des plus agitées. Essentiellement au début de son existence. Les premières années, juste à la mort de sa maternelle, elle n'a pas connu de stabilité, son père l'ayant confiée à une tante, mais celle-ci vivant elle-même aux crochets d'un époux plus jeune. C'est d'ailleurs ce mari de la tante qui a été le premier à profiter des charmes de la jeune orpheline, alors qu'elle n'avait encore que quatorze ans. La suite ne fut, dès lors, qu'une succession de déboires, d'errance et puis de délinquance en bonne et due forme. A dix-neuf ans, la petite est entrée de plein-pied dans le monde de la prostitution pour pratiquer le plus vieux métier du monde. Et c'est à partir de là, également, qu'elle allait goûter à la vie des cellules ou plutôt des chambrées où on se retrouve souvent à quatre, à cinq ou même à six, selon la saison. C'est là, aussi, qu'elle apprendra de nouvelles ficelles du métier et autres subterfuges. A la longue, elle est devenue une « cliente » des différentes brigades, effectuant presque régulièrement des séjours, certes brefs, mais assez nombreux. C'est à partir du moment où elle s'est entichée d'un gaillard, un escroc notoire pourtant, qu'elle allait changer le fusil d'épaule et tenter d'autres expériences. C'est ainsi que lui vint l'idée de se faire passer pour une femme d'affaires, capable de résoudre, de surcroît, moult problèmes grâce à ses multiples et innombrables relations. D'où la présente affaire dont le point de départ fut donné le jour où elle a fait la connaissance de deux jeunes gens, rencontrés au hasard d'une soirée bien arrosée dans un établissement hôtelier de la capitale. Les deux nouveaux « amis » cherchaient en effet à se procurer un visa qu'ils ne parvenaient pas à décrocher afin d'aller voir sous d'autres cieux. Ils étaient d'ailleurs disposés à payer le prix fort pour arriver à leurs fins. Ce fut l'aubaine, l'occase à ne pas rater pour la jeune femme qui n'a pas manqué de leur promettre ce précieux sésame. Un jeu d'enfant, pour elle, n'a-t-elle pas manqué de leur assurer. Elle est ainsi parvenue à leur soustraire dans les six mille dinars, avant de disparaitre carrément de la circulation, malgré les tentatives répétées, inlassables et finalement vaines, des deux victimes de la joindre au téléphone. En désespoir de cause, les deux jeunes hommes ont dû porter plainte, tenant à poursuivre en justice l'escroc en jupons qui les a bernés. La description détaillée fournie par les deux victimes allait permettre aux enquêteurs d'interpeller la fuyarde. Celle-ci a commencé bien entendu par nier toute implication dans l'affaire, avant de se rendre à l'évidence et avouer son forfait lorsqu'elle a été formellement reconnue par les deux plaignants. Elle n'a pas manqué d'ailleurs d'avouer également que la somme d'argent a été dilapidée dans sa totalité pour entretenir son Jules, notamment sur les soirées qu'elle a organisées en son honneur, et auxquelles elle invitait d'autres amis ! Passée récemment en jugement, elle a battu son propre record « de longévité de détention », puisque condamnée cette fois-ci à deux ans de prison ferme…