Publicité, tarifs préférentiels, animation nocturne et malgré ces mesures, nos hôteliers redoutent d'être délaissés par les touristes maghrébins pendant le ramadan. Ils lancent une opération de séduction pour les convaincre de passer cette période sur nos côtes. Cette année, le mois de Ramadan occupera les deux tiers du mois d'août. En 2011, ce sera tout le mois, en 2012, les deux tiers d'août encore une fois et un tiers en juillet. Au cours des cinq prochaines années, Ramadan aura lieu durant les deux mois de haute saison touristique qui sont juillet et août. Ceci se répercutera sans doute sur les vacanciers qui, il est vrai, ne seront pas chauds pour passer des moments agréables sur nos côtes. C'est que ramadan limite la fréquentation des touristes notamment maghrébins habitués à venir en Tunisie. Et là malgré l'effort entrepris par les hôteliers pour offrir de bonnes conditions de séjour comme la consolidation du transport public et privé dans les zones touristiques jusqu'à l'aube pour les déplacements vers les monuments historiques et les festivals mais aussi vers les mosquées, l'installation des tentes au sein des établissements hôteliers pour accueillir les iftars de rupture du jeûne, et les tarifs préférentiels dans les hôtels. Bref, toute une opération de séduction pour les convaincre à rester. Mais une visite de la région de Nabeul-Hammamet nous a permis avant-hier de constater que le nombre des voitures immatriculées jaunes de nos voisins algériens s'est rétréci. Cette marée humaine qui animait la place de la foire de Nabeul a disparu. Quelques familles algériennes arpentent les artères de la ville en attendant le retour. Il est vrai que certains Algériens auront toutefois du mal à se laisser convaincre d'abandonner un ramadan familial dans leur pays d'origine pour un séjour plus festif en Tunisie. Ali d'Annaba ne compte pas prolonger ses vacances « C'est ramadan dit –il, on le célèbre chez nous et en famille. Néjib d'Alger estime que la Tunisie est son deuxième pays : « Chaque été je viens passer un mois à Nabeul. On est bien accueilli. Mais ramadan est sacré pour moi. Je préfère rentrer chez moi » Saloua de Sétif a par contre décidé de prolonger son séjour à Beni Khiar : « Ici on n'est pas dépaysé. On est chez nous. On a décidé de séjourner jusqu'à la fin du mois d'août puis rentrer à la veille de la rentrée scolaire » Même avis pour Nadia de Blida « J'ai passé de bonnes vacances durant le dernier ramadan et j'ai décidé de goûter encore aux délices de la mer avec ma famille ». Bref si un grand nombre de Maghrébins ont préféré rentrer, les Européens continuent à affluer. Kamel Bouaouina ------------------------- L'avis d'un professionnel : Akram Chérif «Un bon mois d'août malgré le recul du marché maghrébin» Comment évoluent les réservations à la veille du mois de Ramadan ? Malgré les annonces qui ont été faites pour adopter nos produits au mois de ramadan, nous avons constaté que les réservations se sont arrêtées à deux jours de Ramadan. Ceci a eu une incidence sur les marchés tunisien et algérien. Il est vrai que plusieurs mesures ont été prises pour s'adapter aux besoins spécifiques des touristes pendant ce mois notamment le transport, l'animation et le sehour. Mais nous constatons que plusieurs Algériens ont préféré rentrer dans leur pays. Ces touristes algériens sont très importants pour notre secteur car ils dépensent en moyenne beaucoup plus que les autres, et leurs séjours sont beaucoup plus longs. Et pour les marchés européens ? Les marchés européens n'ont pas été touchés. Les touristes continuent à fréquenter nos hôtels. Ce qui annonce un bon mois d'août La qualité des services risque-t-elle de baisser en ce mois de ramadan ? D'habitude, nos touristes ont droit à un service presque correct et des serveurs généralement souriants. Avec Ramadan, il faut avouer qu'ils risquent de rencontrer des serveurs peu motivés en raison de la chaleur et du jeûne. Il faut se mettre à la place d'un cuisinier qui avec 40° va se retrouver derrière les fourneaux. Est–ce qu'il aura toujours le même sourire. D'autre part le serveur n'arrive plus à avoir son pourboire surtout avec la généralisation de la formule all inclusive. Ceci se répercute sur les prestations hôtelières. Le personnel ne s'implique pas trop dans le service. A mon avis, il est temps de sensibiliser notre personnel, le former et le motiver pour offrir des prestations de qualité.