Le quartier populaire de Sayda, à Tunis, a été secoué récemment par un drame conjugal qui a coûté la vie à une jeune femme de condition modeste, originaire de Jendouba, n'ayant pas su se séparer, à temps, d'un mari violent. Le jour des faits, le 9 août, deux jours avant l'avènement de Ramadan, une dispute violente éclata entre les deux époux, à la cuisine. Profitant d'un moment d'inattention de sa jeune femme, F., qui venait de rentrer de son travail en tant que bonne de maisons, le mari, un jeune homme de 33 ans, R., originaire de Jendouba, également, sans emploi fixe et buveur invétéré, lui asséna un coup de couteau au côté droit et deux autres coups au niveau du cou, avant de prendre la fuite. Il a été arrêté par la police le 16 août à El Mourouj. C'est la sœur de la victime qui a découvert le cadavre. D'après la sœur qui avoue franchement sa haine pour son beau frère, le drame devait tôt ou tard arriver. ‘'Il ne travaille pas et boit sans arrêt. Il frappe et bat sa femme presque chaque jour, a-t-elle dit, ajoutant qu'elle a essayé de convaincre sa sœur de le quitter, mais, en vain. Elle a découvert la victime morte le jour du crime vers 20 heures. ‘' La scène était horrible, raconta-t-elle. ‘'J'étais étonnée quand j'ai trouvé la porte de la cuisine, calée par un morceau de bois. J'ai senti que quelque chose cloche, mais c'était trop tard. Ma sœur gisait, morte sur le plancher, dans une mare de sang. En tombant, sous l'effet des coups de couteau, elle a reçu un violent coup au crâne. J'ai vu une chaise et la tasse de café habituelle de mon beau frère sur la table. Alors, j'ai compris qu'il l'avait tuée et s'était enfui. L'entourage bouleversé ne cache pas sa révolte contre la recrudescence de la violence conjugale. ‘'La violence est plus présente qu'on ne le pense, dans les couples, et c'est souvent la femme qui en est la victime, nous a dit une dame. Ses formes sont multiples. On cherche à imposer ses vues à l'autre, à lui donner des ordres, contrôler ses dépenses, l'empêcher de voir ses proches, surveiller ses appels téléphoniques. On crie, on casse, on pousse l'autre, on lui tord le bras, on le gifle. ‘' La personnalité de l'autre est brisée. La victime est constamment effrayée et se soumet. Il faut rompre ce cercle infernal.''