La Turquie vient de réussir un nouveau test sur la voie de la démocratie et de la primauté de l'Etat de droit. Plus de 58% des Turcs ont dit « oui » à une série d'amendements à la constitution héritée du coup d'Etat militaire de 1980. Une victoire riche en enseignements, présageant des bouleversements politiques sur le plan interne et l'apparition d'une nouvelle donne dans les relations internationales de la Turquie et en premier lieu la question de son adhésion à l'Union européenne. Il est incontestable qu'elle sonne le glas de l'autorité de l'establishment militaro-judiciaire et ouvre un compte à rebours qui aboutira probablement à son déclin, voire à sa disparition totale. Mais elle est interprétée surtout comme une victoire indiscutable pour le parti au pouvoir, l'AKP et un triomphe du Premier ministre Erdogan qui s'est investi à fond dans la campagne précédant le référendum. Ceci est de nature à conforter leurs chances de remporter les législatives de 2011 et d'effacer les doutes qu'avait fait naître le résultat en demi-teinte des élections locales en 2009. Il serait dès lors difficile pour l'opposition de se poser en challenger crédible après ce scrutin-test passé avec succès par l'AKP. Ceci sur le plan interne. Qu'en sera-t-il sur le plan international ? Ce référendum pourra-t-il lui ouvrir la porte européenne ? Improbable, estiment les analystes. Plusieurs Etats clés de l'Union comme l'Allemagne et la France maintiennent leur opposition à l'adhésion de la Turquie et ne semblent pas près d'y renoncer. Toutefois, le débat promet d'être chaud entre partisans et opposants au sein du bloc des 27. Les premiers, menés par l'Espagne et la Suède, avec le soutien des Etats-Unis, viendront-ils à bout des réticences des derniers ? La Turquie attend, mais sa patience risque de s'essouffler pour finir par tourner le dos à l'Occident.