D'après le classement 2010 des meilleures universités au monde, réalisé par l'Université de Shanghai, la première université tunisienne, en l'occurrence, celle de Sousse occupe une peu honorable place, se classant 6719ème à l'échelle mondiale. C'est pour le moins qu'on puisse dire indigne d'un pays qui se veut à l'avant-garde, sinon des pays émergents, du moins, à l'échelle des pays arabes et africains, dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement supérieur. Pis encore, la Tunisie est largement distancée par l'Egypte, le Maroc et l'Algérie et qui plus est elle se trouve devancée par la Libye et la Mauritanie ! A première vue, il y a de quoi tomber à la renverse, voire tomber des nues parce que cela touche notre orgueil national, mais à y voir de plus près, une fois l'effet de surprise passé, l'on se rend compte que le dit classement est pour le moins qu'on puisse dire inéquitable en raison des critères adoptés. En effet, il se fonde uniquement sur des critères de recherche en science exacte et ne tient compte ni des efforts de formation ni des innovations technologique ni des sciences humaines. Pourquoi nos concurrents directs, à savoir les pays arabes et africains nous ont-ils surclassés ? Ce n'est certainement pas sur la base du critère le plus déterminant dans le classement établi par l'Université de Shanghai, en l'occurrence, le nombre des Prix Nobels parmi les anciens étudiants et les chercheurs appartenant à chaque université, mais certainement compte tenu d'un deuxième critère, non moins important, c'est-à-dire le nombre de publications à l'actif de leurs chercheurs. Mais gare aux conclusions hâtives ! Comme l'a précisé le professeur Hamed Ben Dhiâa : « En fait, nos universités sont desservies par d'anciennes habitudes prises par nos chercheurs qui au lieu de mentionner leur université d'appartenance, dans leurs publications, indiquent généralement soit le nom du laboratoire ou de l'unité de recherche auxquels ils appartiennent, soit le nom de l'institution au sein de laquelle ils exercent. Or, notre production est plus qu'honorable comme l'atteste le système Scopus qui inventorie annuellement les publications scientifiques dans le monde. En effet, la Tunisie se classe parmi les 5 premiers pays à l'échelle de la zone MENA et à l'échelle de l'Afrique avec 2500 papiers scientifiques par an. Par conséquent, nos chercheurs sont appelés à valoriser encore davantage leurs productions et surtout à exprimer leur sentiment d'appartenance à leurs universités respectives car il y va de la visibilité de notre communauté scientifique nationale. » Cela dit, nous avons intérêt à faire preuve de plus d'humilité et de persévérer sur la voie de la restructuration de notre système éducatif en général pour pouvoir aspirer à nous aligner sur les standards internationaux, tout en évitant le copier-coller. A propos de réformes, les toutes récentes décisions présidentielles relatives à l'enseignement de base ainsi que celles concernant l'enseignement supérieur sont très rassurantes quant à l'avenir de l'école et de l'université tunisiennes même si le système éducatif national a besoin d'autres réformes plus audacieuses, particulièrement en matière d'évaluation des compétences.