Le projet de fusion bancaire annoncé officiellement la semaine dernière entre deux banques publiques de renommée à savoir la Société Tunisienne de Banque (STB) et la Banque de l'Habitat (BH) continue de susciter des commentaires. Une opération, dite, du siècle qui marquera certainement le début d'une nouvelle étape dans le processus de restructuration et de modernisation du système bancaire et financier tunisien. Entamé depuis 1995, ledit processus est loin de toucher à sa fin, surtout avec la nouvelle donne d'une crise financière et économique systémique, les opérations de fusions et acquisitions se sélectent et font leur répartition. La finalisation de cette opération de fusion fera-t-elle la force du système bancaire tunisien face à une concurrence internationale farouche et un système financier mondial défaillant ?. La technique de fusion bancaire en Tunisie n'est pas récente. Une vague d'opérations de fusion et acquisition s'était déjà déclenchée, il y a une dizaine d'années dont le regroupement réalisé en l'an 2000 entre trois banques publiques de la place : la Banque de Développement Economique de Tunis (BDET), la Banque Nationale de Développement Touristique (BNDT) et la Société Tunisienne de Banque (STB). Une opération que l'on peut juger mi -figue mi-raisin dans la mesure où la Société Tunisienne de Banque, l'héritière des deux banques précitées a pu consolider durant les dix dernières années une place de choix dans le paysage bancaire et financier tunisien et ce malgré un portefeuille bancaire alourdi par le poids des créances douteuses ou accrochées. Aujourd'hui, un projet de fusion entre cette même entité financière (STB) et la Banque de l'Habitat (BH) se dessine. Pionnière et leader tunisien dans le financement des logements, l'activité de la Banque de l'Habitat s'est cantonnée aux crédits immobiliers. D'où l'utilité d'une diversification du champ d'actions de la BH afin de consolider davantage ses assises financières et de conforter son rythme haussier de rentabilité. L'éventuelle concentration entre les deux banques de la place permettra d'enregistrer, sans nul doute, un saut quantitatif et qualitatif dans le paysage bancaire et financier tunisien. Dans le langage économique, l'équation d'une opération de fusion est reconnue comme suit : 1+1=3. Ainsi, l'opération de fusion entre la STB et la BH donnera-t-elle naissance à un géant bancaire capable d'affronter la concurrence dans un marché financier libéralisé, débarrassé de toute barrière et dans un marché mondial qui continue d'endurer les effets d'un cataclysme financier sans précédent dont l'ampleur pourrait prendre de nouvelles dimensions. Il faut dire qu'avant tout, l'opération de fusion bancaire projetée entre la STB et la BH est une opération qui s'inscrit dans le cadre de la poursuite du programme de restructuration et de modernisation du système bancaire et financier tunisien. Un programme ambitieux et constructif entamé depuis quinze ans. L'objectif étant d'assainir les bilans bancaires envenimés par des créances douteuses et irrécouvrables et de mettre la qualité des services bancaires tunisiens au diapason des banques étrangères. Dans l'ensemble, le challenge n'est pas totalement réussi, toutefois d'aucuns ne peut nier l'amélioration des indicateurs bancaires tunisiens, la résistance des banques de la place face aux chocs exogènes notamment ceux de la crise financière et économique qui sévit toujours dans le monde. Selon le Département Recherches et Analyses de l'intermédiaire en Bourse Maxula Bourse, le rapprochement attendu entre la STB et la BH, permettra au produit net bancaire (PNB) de la nouvelle banque d'atteindre les 431 millions de dinars avec comme résultat net de 93 millions de dinars. La nouvelle entité comptera un réseau d'agences de 207 agences employant plus de 4200 personnes avec un portefeuille de crédits accordés estimé à 8400 millions de dinars et un volume de dépôts de 7500 millions de dinars. A la suite du rapprochement envisagé entre les deux banques, la troisième entité ou le géant bancaire qui verra le jour, occupera la première place dans le paysage bancaire tunisien. Avec une capitalisation boursière de 1100 millions de dinars et un total bilan qui dépassera 11000 millions de dinars, la nouvelle entité signera une nouvelle étape dans le processus de modernisation et de restructuration de l'architecture bancaire même si les effets d'une opération de fusion-acquisition ne pourraient-êtres constatés que sur le long terme. Yosr GUERFEL AKKARI
Lexique : fusion ? Financièrement, les opérations de fusion s'analysent comme la cession suivie d'une augmentation de capital de la société acquéreuse réservée aux actionnaires de la société cédée. Elles peuvent se présenter sous différentes modalités : fusion stricto sensu (deux sociétés fusionnent pour n'en former qu'une seule entité, l'une absorbant en général l'autre), apport de titres ou apport partiel d'actifs. Si la signification économique de la fusion et de la cession sont semblables, les opérations de fusion ne donnent lieu à aucun échange de liquidité (source : Vernimmen.com). L'expression fusion-acquisition (on parle parfois de «fusac », ou de M&A pour Mergers and Acquisitions) recouvre les différents aspects du rachat d'une entreprise par un acteur économique, généralement une autre entreprise, dans les domaines de finance d'entreprise et de gestion d'opérations financières. L'entreprise acquise peut conserver son intégrité, ou bien être fusionnée à l'entreprise acquérante. Par extension, la définition comporte également et de plus en plus les opérations de désinvestissements (souvent appelées dans leur terme anglais demerger, spin-off, carve out…). Les fusions-acquisitions qui se font au niveau international sont regroupées sous le sigle FAT (fusions-acquisitions transnationales) Les fusions et acquisition sont un outil utilisé par les entreprises dans le but d'accroître leurs activités économiques et d'augmenter leur profit. On parle alors de croissance externe à l'opposé d'une croissance organique (ou croissance interne) faite par l'augmentation du chiffre d'affaires sur un même périmètre de sociétés. On distingue différents types de fusions-acquisitions en fonction des motifs qui les justifient. On distingue les opérations dont le but économique est l'intégration verticale, celles qui visent l'intégration horizontale et celles qui conduisent à des conglomérats visant une simple logique de portefeuille. (source : Wiképidia)