En retardant l'achèvement du processus de l'édification d'un espace économique maghrébin commun, les pays de la région continuent de subir les coûts de la non intégration. Et pour mettre fin aux obstacles qui entravent la réalisation des objectifs tant attendus, la question du développement du Maghreb fait toujours partie de l'ordre du jour des rencontres économique et financière mixtes. Dans ce même cadre, Attijari Bank et Attijariwafa Bank, ont pris l'initiative d'organiser, hier, le 1er forum de l'investissement et des rencontres d'affaires maroco-tunisiens. L'objet de la rencontre est d'ouvrir un débat fructueux et sans langue de bois entre les opérateurs privés et publics de manière à impulser les échanges commerciaux et les partenariats entre Marocains et Tunisiens.
La faiblesse des échanges commerciaux intra-maghrébins induit la faiblesse des échanges commerciaux tuniso-marocains. Les intervenants au Symposium « Maghreb Développement, ont essayé de mettre l'accent sur les perspectives de partenariats entre les entreprises marocaines et tunisiennes et ce compte-tenu des accords bilatéraux et multilatéraux signés par les deux pays en faveur de l'intégration maghrébine.
Mondher Zenaïdi, Ministre du Commerce et de l'Artisanat : « Notre vœu cher, est de voir s'ériger l'édifice du Maghreb arabe dans toute sa splendeur. »
Mondher Zenaïdi, a affirmé lors de son allocution d'ouverture l'engagement ferme et irrévocable de la Tunisie de hisser l'intégration inter-maghrébine et la coopération tuniso-marocaine à des niveaux supérieurs. Il a à ce titre passé en revue les acquis majeurs en matière d'intégration dont la création d'une instance maghrébine patronale à Marrakech, le conseil d'affaires tuniso-marocain et la création de la Banque maghrébine pour l'investissement et le commerce extérieur. « Les concertations sont à un stade avancé...Nous continuerons à déployer tous nos efforts pour aller à l'avnt tant sur le plan régional que bilatéral», a affirmé le ministre. Il a par ailleurs mis l'accent sur l'importance d'accélérer les réformes compte tenu des défis majeurs à relever, en tirant profit des accords multilatéraux dont notamment l'accord d'Agadir ou encore « l'accord Quadra » qui vient d'entrer en vigueur, lequel est destiné à donner un nouvel élan aux échanges dans la zone. « En mettant en place un espace élargi de 80 millions de consommateurs, nous pourrons dynamiser les échanges commerciaux et créer des emplois...Seul un espace économique intégré pourra transformer les défis en opportunités», a-il ajouté. Saluant l'initiative prise par les organisateurs du symposium en tant que représentants du secteur bancaire privé, Il a par ailleurs appelé les différentes partie et notamment les hommes d'affaires marocains et tunisiens à jouer pleinement leur rôle dans l'intégration économique. « Les hommes d'affaires sont la locomotive de tout processus d'intégration en favorisant l'exploitation de l'immense gisement de richesses qui s'offre aux esprits entreprenants de manière à contribuer à la réalisation du vœu cher à nos peuples de voir s'ériger l'édifice du Maghreb arabe dans toute sa splendeur ».
Hassen Bertal, Responsable à Attihjariwafa Bank: « Un dialogue sans langue de bois à même de substituer la confiance à la méfiance»
Compte tenu d'un niveau d'échanges intra-maghrébins infime (2%) et des manques à gagner relatifs à la non intégration maghrébine tant pour l'ensemble de la région que pour chaque pays pris séparément, Hassen Bertal a appelé à une accélération des dispositions afin de partager les potentialités d'emplois et de croissance existantes. « En effet, chaque pays maghrébin perd annuellement près de 2% de croissance et La Tunisie, perd à titre d'exemple 20000 emplois potentiels, à cause du non Maghreb », a-til affirmé. Et d'ajouter : « Il faut accélérer la mise en œuvre concrète de l'intégration pour arriver à une réalité tangible et c'est le leitmoteiv même du groupe d'Attijariwafa bank qui veut être le moteur de l'intégration». L'abolition des barrières réglementaires, administratives et douanières s'impose. «Seul un dialogue sans langue de bois est à même de substituer la confiance à la méfiance et de substituer la création de valeurs à la destruction de valeurs », a-il conclu.
Mohammed Haitami, Directeur Général d'Attijari Bank : « Il faut dissiper les incompréhensions »
Pour sa part, Mohammed Haïtami a affirmé l'engagement de la banque annoncé depuis la tenue de son Conseil d'Administration de soutenir l'intégration maghrébine ainsi que le développement des échanges tuniso-marocains et tuniso-espagnol. «L'organisation de cette manifestation s'inscrit dans l'objectif, de dissiper les incompréhensions, d'impulser les échanges et l'investissement mixtes et de mettre en relation les hommes d'affaires marocains et tunisiens opérant dans différents secteurs ». Il a par ailleurs passé en revue des actions concrètes entreprises par la Banque en vue d'accélérer l'intégration maghrébine dont le lancement d'un portail interactif d'informations destiné aux opérateurs économiques des deux pays. « Nous tenons à soutenir l'impulsion des partenariats et d'en assurer le suivi des accords entre les entreprises marocaines et tunisiennes ».
Le ministre du Commerce et de l'Artisanat a enfin affirmé son engagement personnel et sa pleine disposition à examiner les interrogations et les doléances des différents opérateurs privés présents au symposium ouvrant ainsi les portes à un dialogue « sans langue de bois » et constructif pour un partenariat bilatéral de gagnant-gagnant tout en utilisant à bon escient les différents cadres réglementaires national et régional disponibles. Yosr GUERFEL
3 Questions à Moncef Chaffar, Président du Conseil d'Administration de Attijari Bank « C'est la main dans la main avec le public qu'on pourra gagner la bataille...Nous jouons la carte tout le monde gagne »
Le temps : Peut-on dire que le secteur privé est en train de mener la bataille de l'intégration maghrébine ?
Moncef Chaffar : Nous menons la bataille avec l'appui de l'administration. C'est la main dans la main avec le public, que nous pouvons relever les défis et réussir l'intégration maghrébine. Dans le cadre actuel de mondialisation et d'ouverture tous azimuts, le secteur privé est amené à jouer pleinement son rôle de catalyseur et de locomotive de l'intégration maghrébine.
En marge de ce forum, la banque prendra-t-elle des mesures pour faciliter la conclusion d'éventuels accords de partenariats entre entreprises tunisiennes et marocaines ?
La tenue de cette manifestation s'inscrit en fait dans le cadre du rapprochement entre les opérateurs privés des deux pays. La méconaissance des marchés réciproques et des facilités offertes par les hommes d'affaires, explique le faible niveau des échanges tuniso-marocains. D'où l'organisation du 1er forum de l'investissement et des rencontres d'affaires maroco-tunisien, afin de mettre en relation les hommes d'affaires et favoriser un dialogue fructueux et un échange d'idées constructif entre les deux parties. Par ailleurs, Attijari bank mettra à la disposition des hommes d'affaires participant au forum tous les moyens humains et financiers qui leur sont nécessaires pour conquérir des marchés, même à l'étranger. Nous faisons en sorte de jouer la carte : que tout le monde gagne. Nous contribuerons à briser la glace entre opérateurs privés de manière à impulser les échanges commerciaux bilatéraux.
L'entrée en vigueur de l'accord Quadra, va-t-elle à votre sens contribuer à l'impulsion des investissements et des projets mixtes dans le secteur bancaire et financier ?
De part ses clauses, l'accord d'Agadir permettra essentiellement de renforcer les échanges entre les pays signataires. Mais concernant l'intégration financière régionale, nous sommes en train d'aller de l'avant vers la réunification des normes. C'est l'idéal pour tout le monde d'impulser la régionalisation des banques maghrébines, tel est le cas du rapprochement entre Attijari Bank et Attijariwafa Bank, de manière à impulser les implantations réciproques dans les différents pays de l'espace maghrébin.