Affaire énigmatique que celle qui a été traitée par la 4ème chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis et au cours de laquelle un jeune homme d'une vingtaine d'années a comparu en liberté pour répondre d'agression grave commise à l'encontre d'un chauffeur de taxi la veille de l'Aïd de l'année 2009. Le plaignant relate qu'au cours de cette soirée, le jeune homme a fait appel à son service en lui demandant de le transporter vers une cité située au nord de la capitale. En cours de route le jeune homme s'est senti mal à l'aise. Il était selon les déclarations du plaignant dans un état d'ébriété manifeste. Le chauffeur s'est dirigé vers une station d'essence pour faire le plein. Il a profité de cet arrêt pour aider le jeune homme à respirer l'air frais et se soulager. C'est au cours de cet arrêt qu'il y a eu altercation. Le plaignant a déclaré qu'il a été agressé par le jeune homme, ce qui a nécessité son transport à l'hôpital. Les raisons sont dues au fait que le jeune homme a refusé de payer la somme de 7 Dinars indiquée au compteur. Le plaignant a donné le signalement du jeune homme et a désigné un témoin qui a assisté à la scène en l'occurrence l'employé du kiosque à essence. L'énigme dans cette affaire c'est que, le plaignant est resté huit mois pour déposer sa plainte. Pour quelle raison ?? Personne n'a pu répondre à cette question. Toujours est-il que les enquêteurs ont arrêté le jeune homme et l'ont interrogé. Il a nié être au courant de cette histoire et a déclaré que la veille de l'Aïd il a travaillé durant une longue partie de la nuit au café géré par son père. Les enquêteurs ont convoqué également le témoin cité par le plaignant. Ce dernier était catégorique. Il y a bien eu une agression sur le chauffeur de taxi, mais le jeune homme qu'on lui a présenté n'était pas l'agresseur. Le jeune homme a réitéré devant le juge ses déclarations données au cours de l'enquête. Il a infirmé avoir pris un taxi. Il a nié connaître le chauffeur. Deux avocats ont plaidé. Le premier représentait la partie civile en l'occurrence le plaignant. L'avocat a clairement mis en cause le jeune homme en se basant sur le signalement précis fourni par son client à savoir : Taille, poids, et couleur de la peau qui sont identiques à celle de l'inculpé. Il a demandé l'application de la loi en matière d'agression grave et refus de règlement des frais de son transport avec dommages et intérêts. L'avocat de l'inculpé a longuement plaidé pour convaincre le juge que le plaignant a été tout au long de l'enquête hésitant quand il s'est trouvé face à l'inculpé. Il a déclaré aux enquêteurs qu'il n'était pas assez certain qu'il s'agisse de son agresseur. Ensuite l'avocat s'est demandé sur les raisons qui ont fait que le plaignant reste huit mois pour déposer plainte ?? Ce sont des faits qui prouvent que son client est innocent et qu'il s'agit d'une accusation qui n'est basée sur aucun élément juridique susceptible d'être pris en considération par le tribunal. Il a par conséquent demandé l'acquittement pur et simple d'autant plus que le jeune homme n'a jamais eu de démêlées avec la justice. L'affaire a été mise en délibéré. Le juge a ordonné la garde à vue du jeune homme jusqu'au prononcé du verdict.