Le Temps-Agences - Les Algériens votaient hier sous haute surveillance pour renouveler leurs 389 députés, au lendemain d'un attentat terroriste et de l'appel au boycottage du scrutin lancé par Al-Qaïda. Le taux de participation était particulièrement faible, s'élevant à 6,75% à 11H00 HT, en baisse de près de 5 points par rapport à celui de 2002, à la même heure, a annoncé le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni. M. Zerhouni a appelé les Algériens à voter pour "rejeter le terrorisme et réaffirmer l'option démocratique". "Nous avons atteint un point de non-retour, tout le monde doit voter quel que soit son choix". Il "s'agit plus de rejeter le terrorisme que d'élire la prochaine Assemblée populaire nationale" (APN), a-t-il lancé. Aux législatives de 2002, le taux de participation avait été de seulement 46,17%. Les législatives ne soulèvent pas autant d'intérêt que les élections locales, départementales et communales, et l'élection présidentielle, a expliqué M. Zerhouni. Les mesures de sécurité ont été renforcées dans les grandes villes et autour des bureaux de vote, pour prévenir toute attaque terroriste, au lendemain de l'attentat à la bombe qui a fait un mort et cinq blessés avant-hier à Constantine (est). L'APN, qui compte 6,3% de femmes, dispose de pouvoirs limités dans le régime présidentiel algérien. La présidence de la République, occupée depuis 1999 par le président Abdelaziz Bouteflika, est à l'origine de l'essentiel des projets de textes législatifs. Al-Qaïda au Maghreb islamique (ex-GSPC), le Front des forces socialistes (FFS d'Aït Ahmed) et les dirigeants historiques du Front islamique du salut (FIS - dissous) ont appelé au boycottage des élections. Les dirigeants repentis de l'Armée islamique du salut (AIS, dissoute, ancienne branche militaire du FIS), dont Madani Mezrag, ont en revanche appelé à voter en faveur du Front de libération nationale (FLN - nationaliste). Ces anciens chefs de maquis, graciés par le chef de l'Etat dans le cadre de la loi sur la concorde civile de 1999, ont été exclus du scrutin, les autorités ayant décidé, que même repentis, ils restent déchus de leurs droits civiques. Les trois partis de l'Alliance présidentielle, qui soutient le président Bouteflika, majoritaire dans l'Assemblée sortante, sont les favoris de ce scrutin. Il s'agit du FLN, du Rassemblement national démocratique (RND - libéral) et du Mouvement pour société islamique (MSP - islamique). Le FLN (203 sièges) espère garder la tête de ce trio, le RND (47 sièges) souhaite doubler le nombre de ses députés, et le MSP (38 sièges), a affiché son ambition de remporter 30% des sièges. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD de Saïd Sadi) a marqué son retour sur la scène électorale en s'engageant dans ce scrutin après avoir boycotté celui de 2002. Le Parti des travailleurs (PT - gauche radicale) de la seule femme dirigeante d'un parti en Algérie, Louiza Hanoune, ambitionne de former un groupe parlementaire d'une vingtaine de députés. Les électeurs doivent choisir parmi 1.144 listes, représentant 24 partis politiques et 102 listes indépendantes, dont 44 à l'étranger. Il s'agit d'un scrutin de liste à la proportionnelle départementale. Une Commission politique nationale de surveillance (CPNSEL) est chargée de veiller à la régularité de ces législatives. Le président Bouteflika, qui ne s'est pas engagé dans la campagne électorale, a appelé à "un scrutin transparent et régulier".