Le Temps-Agences - François Fillon a lancé dès avant-hier soir la bataille des législatives en affirmant que la première de ses priorités serait de gagner les élections des 10 et 17 juin. Le Premier ministre, qui sera candidat dans la cinquième circonscription de la Sarthe, dont il fut député de 1981 à 2002, s'est rendu hier, au lendemain de la formation de son gouvernement, dans son fief pour y lancer sa campagne. Il est arrivé à Sablé vers 11h30. Sitôt nommés, les membres du gouvernement ont pris leurs fonctions. Deux ministres "régaliens", Rachida Dati (Justice) et Michèle Alliot-Marie (Intérieur) se sont rendues avant-hier soir sur le terrain. La nouvelle garde des Sceaux a visité le centre des jeunes détenus de Fleury Mérogis, dans la banlieue parisienne, pour se rendre compte par elle-même de l'activité des agents de l'administration pénitentiaire et des conditions de détention des mineurs. Michèle Alliot-Marie s'est rendue pour sa part au commissariat central du XVIIIème arrondissement de Paris, avant de rencontrer des fonctionnaires des polices urbaines puis de participer, hors caméras, à une patrouille de la Brigade anti-criminalité (BAC) pendant la nuit, a-t-on précisé dans son entourage. "La première de mes priorités, c'est de gagner la bataille des élections législatives parce que si nous n'avons pas de majorité à l'Assemblée nationale, nous ne pouvons rien faire des engagements que le président de la République a pris", a déclaré François Fillon lors de sa première intervention télévisée depuis sa nomination. Le Premier ministre a promis un "changement radical de la vie politique française" et a jugé "lamentables" les critiques du Parti socialiste contre l'ouverture au centre et à gauche de son gouvernement. "La vérité, c'est que les socialistes n'aiment l'ouverture que quand elle est autour d'eux", a-t-il lancé. Mais les socialistes dénoncent une "pseudo ouverture à gauche" qui ne vise, selon eux, qu'à les affaiblir en vue des élections législatives. L'ancien Premier ministre Lionel Jospin a estimé avant-hier soir à Brest que la présence de personnalités de gauche dans le gouvernement relevait non pas de l'ouverture mais de la "manœuvre politique". "M. Sarkozy n'ouvre pas, il manœuvre (...) S'ouvrir aux autres, c'est d'abord les respecter. M. Sarkozy ne respecte pas les autres formations, pas plus ses propres amis", a-t-il avancé. "Ce n'est pas une ouverture vers les socialistes que de débaucher individuellement un certain nombre de personnalités, il s'agit d'une manœuvre politique", a-t-il ajouté. "L'opération, très certainement habile sur le plan de l'image et d'une pseudo modernité, ne marque en rien un infléchissement de l'orientation politique de la droite", a estimé Olivier Dartigolles, porte-parole du parti communiste. "Ces ralliements se font au service du programme du candidat de l'UMP", a-t-il ajouté en jugeant "choquante" la présence au sein du gouvernement de personnalités issues du Parti socialiste. Pour Jean-Marie Le Pen, "le clou du spectacle est Bernard Kouchner." "Soixante-huitard emblématique, icône de la pensée unique, il symbolise à lui seul ce que fustigeait Nicolas Sarkozy pendant sa campagne. Le nouveau ministre des Affaires étrangères et européennes est un européiste de gauche, qui méprise la nation et même la langue française", écrit le président du Front national dans un communiqué.