Un documentaire CD de 52 minutes vient d'être réalisé par Bernard Dautant qui brosse le portrait de l'artiste tunisien Khaled Ben Yahia. Intitulé « un prince du Oud », titre auquel Khaled Ben Yahia adhère moyennement, ce documentaire a été récemment diffusé sur TV8. Son contenu mérite un arrêt sur la construction de ce support et le portrait de ce passionné de l'Oud, qui s'en dégage. Ce film pourrait aussi, aiguillonner les maisons de productions tunisiennes ou encore, les étudiants en quête d'inspiration et d'idées pour leurs projets de recherche. Ce documentaire reflète une image particulièrement fidèle de l'artiste Khaled Ben Yahia qui baigne et oscille entre deux univers, deux cultures et des référents musicaux différents. La lecture des scènes et des différents plans qui construisent le film procède à des cadrages qui peuvent paraître brutaux mais qui en réalité soulignent parfaitement la distinction et les transferts recherchés, dans les mondes et pays dans lesquels Khaled Ben Yahia évolue et desquels, de toute évidence, il s'inspire. Le premier plan le situe dans un fond de sable (plage ou désert), le prochain plan, est la scène d'un cygne dans un lac qui se trouve en France. Toute la construction du film se fait sur ce rythme et à travers un montage qui crée des parallèles. Parallèle équilibré entre cheminement personnel et parcours artistique. Egrené d'intermèdes musicaux, le documentaire n'en est que plus agréable à visionner. Et, dans la seconde partie de ce support qui compile des captations musicales de 80 minutes sur les projets de Khaled Ben Yahia « Tesnim et Hijazz » c'est tout l'univers musical de l'artiste qu'il est possible de capter. A travers ce documentaire, il est intéressant de constater à quel point cet artiste tunisien exprime à travers sa musique, une exceptionnelle aporie et assimilation des différents registres et références musicales, qu'elles soient orientales ou occidentales. Mieux encore, Khaled Ben Yahia parvient à une synthèse sereine, recherchée, presque harmonieusement conciliée entre son être et sa création. Parler de la pertinence de ce type de support se ferait sur deux points essentiels. D'abord, celui des publics qu'il parvient à toucher. Aussi bien un public occidental qu'oriental trouverait dans ce Cd une matière lisible, informative et esthétique sur le portrait d'un artiste tunisien. Mieux encore, le public tunisien trouverait des lieux, des espaces, des ambiances de festivals nationaux et internationaux, sans oublier des personnalités qui font la vie culturelle de notre pays, à l'image de Mokhtar Rassâa. Et autant le dire d'emblée, les artistes tunisiens sont rarement dévoilés sous leurs jours et aspects, d'où le deuxième intérêt de ce Cd, qui mérite d'être largement diffusé auprès de nos chaînes de TV nationales, publiques et privées pour des projections thématiques ou culturelles.