Le Temps-Agences - Après la France, le président Hu Jintao a entamé hier une visite d'Etat de deux jours au Portugal qui espère bénéficier à son tour de la manne chinoise pour soutenir son économie en crise et alléger la pression des marchés financiers internationaux sur sa dette. Le président chinois a quitté hier matin l'aéroport de Nice, au terme d'une visite de 48 heures en France. Accompagné de son épouse Liu Yonqing, de plusieurs membres du gouvernement chinois et d'une cinquantaine de chefs d'entreprises, Hu Jintao est attendu à la mi-journée à Lisbonne, après trois jours d'une visite en France marquée par la signature de quelque 20 milliards de dollars de contrats. Symbole de la relation historique entre le géant asiatique et l'un des pays les plus petits et les plus pauvres d'Europe, le président chinois ira, en premier lieu, fleurir le tombeau de Luis de Camoes, auteur du poème épique des Lusiades composé au XVIe siècle en partie à Macao, ancienne possession portugaise aujourd'hui chinoise. Prévue initialement en juillet 2009 à l'occasion du 10e anniversaire de la rétrocession de Macao, cette visite --la première d'un président chinois dans le pays depuis 1999-- avait été reportée in extremis en raison de troubles ethniques dans la région de Xinjiang. Depuis, plusieurs hauts responsables portugais se sont rendus en Chine, et le Premier ministre José Socrates participera les 14 et 15 novembre à un forum économique à Macao, où il rencontrera son homologue chinois Wen Jiabao. Début septembre, le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos était déjà à Macao et Hong Kong, en compagnie du président de l'agence de la dette publique, pour tenter de convaincre les investisseurs chinois de la solvabilité du Portugal, en proie à d'importantes difficultés de financement extérieur en raison de la défiance des marchés traditionnels. Car, au delà de la dizaine de contrats qui doivent être annoncés aujourd'hui, la presse portugaise spéculait surtout ces derniers jours sur la possibilité que Pékin annonce, comme il l'a fait le mois dernier pour la Grèce, sa disponibilité à acheter des titres de dette portugaise, fortement chahutés sur les marchés obligataires. Ces derniers jours, Pékin et Lisbonne ont fait assaut d'amabilités, le président Hu saluant, dans un entretien à l'agence Lusa, l'"amitié de longue date" et les relations "fructueuses dans tous les domaines" entre les deux pays qui ont conclu en 2005 un "partenariat stratégique global". Selon le président Cavaco Silva, cité par Xinhua (Chine nouvelle), le Portugal pourrait même être "un partenaire économique idéal de la Chine", en tant que "membre fondateur de la zone euro", "intimement intégré aux marchés européens" mais aussi pour ses "liens économiques avec les pays lusophones en Afrique et en Amérique latine". En choisissant le Portugal comme "plateforme logistique pour ses entreprises et ses produits", la Chine pourrait bénéficier d'une "porte d'entrée en Europe et éventuellement pour d'autres marchés lusophones", affirmait également cette semaine sur China Radio International le président de l'agence portugaise pour le commerce extérieur (AICEP), Basilio Horta. Depuis plusieurs années, Pékin a en effet considérablement développé ses liens avec les pays de langue portugaise, au premier rang desquels le Brésil et l'Angola, son premier fournisseur de pétrole.