Le Temps-Agences - La tension qui entoure l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, ancien premier ministre libanais ne faiblit pas à quelques jours de la remise du rapport du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Selon un quotidien français, le rapport de la commission d'enquête de l'ONU implique le parti chiite Hezbollah. Un reportage de la chaîne nationale de télévision canadienne CBC, intitulé "Qui a tué Rafic Hariri ?", diffusé fin novembre, montre "que toutes les pistes de l'enquête aboutissent au Hezbollah, même si elle n'est étayée par aucune preuve matérielle autre que les écoutes téléphoniques", rapporte le quotidien. La piste pointe aussi du doigt le colonel Wissam Al-Hassan, actuel chef du renseignement de la police libanaise, très proche de Saâd Hariri. En 2005, il était le chef de la sécurité de Rafic Hariri, et le jour de l'attentat, il s'était absenté. Saâd Hariri, le fils du premier ministre assassiné, a balayé du revers de la main le reportage de la CBC, et réitéré sa confiance en son chef du renseignement de la police. "Le colonel Wissam Al-Hassan avait et a toujours notre totale confiance", a assuré le premier ministre libanais. Par ailleurs, Saâd Hariri a fait, hier à Paris, preuve de prudence vis-à-vis du TSL, estimant que "personne ne connaît les actes d'accusation" de ce tribunal, à l'issue d'une rencontre avec Nicolas Sarkozy. "Le tribunal international, la France l'a toujours soutenu, continue de le soutenir et il y a peut-être un dialogue qui doit se faire au Liban, qui se fait, et on va continuer dans ce chemin", a assuré M. Hariri. Le procureur du TSL a de son côté vivement critiqué CBC après la diffusion de son reportage. "L'effet le plus dramatique du reportage de la CBC est que sa diffusion peut mettre la vie de certaines personnes en danger, a réagi Daniel Bellemare, à un moment où le bureau du procureur fait tout son possible pour soumettre un acte d'accusation au juge de la mise en état." Le procureur du tribunal, créé en 2007 par les Nations unies, refuse en outre de s'exprimer sur le contenu des affirmations de la CBC. "Le maintien de la confidentialité est une condition essentielle pour le succès de l'enquête", insiste-t-il.