Le Temps-Agences - Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a ouvert hier à La Haye en affichant sa volonté de rendre justice aux "victimes des crimes" et des attaques terroristes au Liban, quatre ans après l'assassinat en 2005 de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. "Nous ne sommes pas ici pour les Nations unies, ni pour la communauté internationale, mais pour le Liban. Nous ne sommes pas ici pour les auteurs des crimes, mais pour les victimes des crimes", a déclaré le greffier Robin Vincent, lors de la cérémonie d'ouverture. Premier tribunal international antiterroriste, le TSL est chargé de juger les auteurs présumés d'attaques terroristes au Liban, dont l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, tué avec 22 autres personnes dans un attentat à Beyrouth le 14 février 2005. "L'enquête et les poursuites judiciaires ne sont pas et ne seront pas influencées par la politique, elles sont gouvernées par des principes juridiques. En tant que procureur, je suis indépendant", a affirmé le procureur du TSL, le Canadien Daniel Bellemare, devant la presse. Il a réaffirmé qu'il demanderait "dans un délai de 60 jours" le transfert des dossiers et des détenus, incarcérés dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri et actuellement aux mains de la justice libanaise. "Je peux dicter le rythme de l'enquête, mais pas son résultat", a souligné M. Bellemare, qui a dirigé la commission d'enquête internationale sur l'assassinat de M. Hariri, tout en se disant "optimiste". Les juges du TSL doivent adopter dans les semaines à venir des textes juridiques régissant les procédures devant le tribunal. Seulement ensuite, le procureur pourra demander des transferts, a précisé Radhia Achouri, porte-parole du procureur. Le Département d'Etat américain a salué l'ouverture du TSL comme "un signal fort que la souveraineté libanaise n'est pas négociable", dans un communiqué. Les Etats-Unis, qui ont soutenu la création du TSL, ont rendu hommage au travail courageux et inlassable" de la commission d'enquête. La cérémonie d'ouverture était organisée dans un ancien gymnase, où sera aménagée d'ici novembre la salle d'audience du tribunal, installé dans les anciens locaux des services de renseignements néerlandais à Leidschendam, en banlieue de La Haye. Le TSL, créé en juin 2007 en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, applique le code pénal libanais. L'identité de ses onze juges, dont quatre Libanais, n'a pas été révélée pour des raisons de sécurité. Son mandat est de trois ans renouvelables. Les deux premiers rapports de la commission d'enquête de l'ONU, créée deux mois après l'assassinat de Rafic Hariri, avaient conclu à des "preuves convergentes" sur l'implication des services de renseignements syriens et libanais. Les noms de proches du président syrien Bachar al-Assad avaient été cités par les enquêteurs, mais la Syrie nie toute implication. Quatre généraux libanais sont détenus au Liban depuis août 2005 dans le cadre de l'enquête. Trois suspects, soupçonnés notamment d'avoir induit les enquêteurs en erreur, ont été libérés sous caution mercredi par la justice libanaise. La détention des généraux est "arbitraire" et "répond à des critères politiques", a estimé samedi le Hezbollah dans un communiqué, affirmant qu'"ils n'ont pas été interrogés depuis trois ans".