Le Centre culturel international de Hammamet organise dans le cadre de ses rencontres littéraires une table ronde intitulée « L'héritage de Multatuli ». Animée par Hatem Bourial, cette rencontre aura lieu aujourd'hui à 11h à la Villa Sébastian. Multatuli, Edouard Douwes Dekker de son vrai nom, fut probablement l'écrivain qui provoqua le plus de remous dans la bonne société hollandaise du milieu du XIXème siècle. Né en 1820, ce fils de famille modeste partit dès 1838 pour l'Indonésie où il devint vite fonctionnaire de l'administration coloniale. Cependant, cet esprit frondeur ne pouvait pas ne pas protester face au système d'exclusion et d'esclavage en vigueur à Java, ce qui lui valut d'être rejeté de l'administration et de la communauté hollandaises. Il se tourne alors vers l'écriture et, sous le pseudonyme de Multatuli, produisit l'un des romans les plus marquants de son époque : Max Havelaar. A travers l'histoire d'un personnage qui suit pas à pas le parcours de l'auteur lui-même, ce livre, d'une grande force, dénonce le système en cours dans les colonies et prend la défense des Javanais. La parution en 1860 de cet ouvrage polémique, dont la facture naturaliste de grande qualité le place au rang de ses contemporains Strindberg et Flaubert, fut suivie d'un scandale, qui permit aux libéraux de rouvrir le procès du colonialisme hollandais et partant d'aboutir à diverses réformes. On a d'ailleurs souvent comparé les réformes qu'imposa ce récit pamphlétaire à celles advenues aux Etats-Unis après la publication de La Case de l'oncle Tom, de Harriet Beecher-Stowe. Ecrit au temps de Flaubert, ce livre étonne par la modernité des questions qu'il soulève ; au point que son héros, Max Havelaar, est désormais une figure emblématique pour le commerce équitable. Multatuli est mort dans l'anonymat en 1887. Son œuvre lui a survécu, surtout le roman Max Havelaar, célébré en Tunisie et à travers le monde un siècle et demi après sa première parution.