Il n'y a dans le monde d'aujourd'hui, de politique étrangère qui peut conditionner dans une large mesure, les relations internationales, que celle des Etats-Unis d'Amérique. « Empire » des temps modernes, hyperpuissance. Washington « pèse lourdement » dans le monde du fait qu'elle possède les meilleurs leviers de puissance (politique, diplomatique, militaire, économique et culturel). De ce constat, qui fait, par ailleurs, la quasi-unanimité des analystes et experts, l'on peut aisément admettre que la définition de la politique étrangère US à un moment donné aura forcément des conséquences négatives ou positives sur tel ou tel pays. Après la chute du Bloc soviétique et la guerre du Golfe, les Etats-Unis ont trouvé une grande marge de manœuvre pour intervenir dans une région que leur échappait pendant la guerre froide : les Balkans. C'était sous le démocrate Bill Clinton et son émissaire pour l'ex-Yougoslavie, Richard Holbrooke que le génocide contre les Musulmans bosniaques a pu être arrêté. L'intense activité diplomatique de Holbrooke « infatigable négociateur » épaulée par l'action militaire de l'OTAN sous le commandement du général américain Wesley Clark a permis de stopper le projet criminel et génocidaire de Milosevic, Karadzic et Mladic. Mieux encore, on a mis en place un Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie pour juger tous les criminels qui n'en voulaient qu'une « solution finale » contre les Musulmans dans cette région. La pacification des Balkans n'était possible que grâce à une politique américaine d'alors autrement définie. Elle était en tout cas, plus attachée à la légalité internationale et n'en concevait pas le monde en deux blocs antagonistes le bien contre le mal et en définitive Occident contre Orient. Donc, un remodelage de la politique étrangère US va y avoir sous Bush Junior, sous l'impulsion d'une équipe néo-conservatrice (Rice, Cheney…) pour donner au monde une Amérique « agressive » « pilotée » par une administration guerrière. Résultat, une guerre contre l'Irak qui bafouait les principes élémentaires de la légalité internationale. D'un véritable sapeur pompier aux Balkans grâce, en grande partie, aux talents du diplomate Holbrooke, les Etats-Unis vont allumer le feu d'une guerre que l'Irak n'en finit jusqu'à aujourd'hui, d'en subir les effets désastreux. C'est en grande partie «grâce» à l'aveuglement d'un autre diplomate de carrière, Paul Bremer, pro-consul à Bagdad, qui jetta de l'huile sur le feu irakien en procédant notamment à la dissolution de l'armée de Saddam Hussein, précipitant ainsi une guerre civile larvée. Ainsi et jusqu'à nouvel ordre, c'est à partir de Washington que « guerre et paix entre les nations » sont décidées. Mais, il n'en reste pas moins que les convictions politiques et idéologiques des décideurs américains sont d'une importance particulière. Celle de Richard Holbrooke, décédé lundi, ont été salvatrices dans la mosaïque religieuse et ethnique aux Balkans.