Le Temps-Agences - Les principaux partis politiques belges doivent décider cette semaine s'ils font une nouvelle tentative pour former un gouvernement et sortir le pays de la plus longue crise institutionnelle de son histoire, sous la surveillance étroite des marchés financiers. Sept formations francophones et néerlandophones ont reçu hier soir une proposition de compromis des mains d'un médiateur nommé par le roi, le socialiste flamand Johann Vande Lanotte. Ce dernier leur a donné jusqu'à mercredi pour donner une réponse et dire si cela peut à tout le moins constituer une base de reprise du dialogue. Il a évité néanmoins de parler de formule de la dernière chance afin de ne pas risquer le chaos politique en cas de rejet. "Ce document sera précis, mais il y aura de la marge pour négocier", a indiqué son porte-parole. Les raisons du blocage sont toujours les mêmes. Les Flamands, aiguillonnés par la victoire retentissante des indépendantistes de la NV-A aux dernières élections législatives de juin 2010, réclament une autonomie nettement renforcée pour leur région, notamment sur le plan fiscal. Ils demandent aussi la suppression de droits linguistiques spécifiques dont bénéficie la minorité de francophones vivant chez eux. Les francophones veulent limiter les transferts de compétences aux trois régions du royaume (Flandre, Wallonie et Bruxelles) de crainte de vider de sa substance l'Etat fédéral et de faire le lit de la partition du pays en détricotant les mécanismes encore existant de solidarité financière entre le nord et le sud. Ils exigent aussi des garanties financières pour alimenter les caisses vides de la ville de Bruxelles, très majoritairement francophone. Selon les indiscrétions parues dans la presse, le document de compromis propose des transferts de compétences vers les régions pour 15 milliards d'euros par an. Cela passerait par une gestion plus autonome de l'impôt sur le revenu, une régionalisation de la politique de l'emploi et des allocations familiales ou encore une communautarisation de la justice. La Belgique a battu fin décembre le record de sa crise politique la plus longue de son histoire. Elle n'est dotée depuis les élections législatives de juin 2010 que d'un gouvernement chargé de gérer les affaires courantes. Mais à trop attendre, la Belgique s'expose à une punition des marchés financiers, toujours à l'affût des pays les plus fragiles de la zone euro.