La saison du printemps qui nous inonde, depuis plus de deux mois, de ses multiples effluves, est associée chez les Tunisiens à l'éveil des penchants sexuels, et comme l'expérience collective ne se trompe guère, la science contemporaine confirme la justesse de cette association, en établissant, notamment, l'existence d'un lien étroit entre la lumière et les fluctuations de l'humeur chez l'homme. Ainsi, un adage courant en Tunisie appelle les parents à se hâter de marier leurs filles pubères quand le printemps s'installe et le lait abonde, tandis qu'autrefois, et jusqu'à une époque relativement récente, l'arrivée du printemps donnait lieu, dans nos pays, en particulier chez les communautés berbères, à de grandes représentations symboliques d'accouplements collectifs joués spécialement par les jeunes des deux sexes.
L'humeur dépend des saisons Contacté, à ce sujet, le Dr Skander Boukhari, spécialiste en neuropsychiatrie et sexologie, secrétaire général de l'Association tunisienne des psychiatres d'exercice privé (ATPEP), a signalé que l'attribution d'un pouvoir excitant et allumeur au printemps sur les penchants sexuels et amoureux qui est, à vrai dire, un sentiment universel, est fondée, dans la mesure où il est, aujourd'hui, scientifiquement établi que l'humeur de l'homme fluctue et change en fonction des saisons. ''En effet, nous a-t-il dit, la succession des saisons agit sur le comportement, car c'est, aujourd'hui, un fait scientifiquement établi que l'humeur de l'homme dépend des saisons. ''Or qui dit humeur dit disposition à la recherche du plaisir et du bonheur en général. ''Ainsi, l'humeur est notre état psychologique qui fluctue de la tristesse à l'euphorie et de ce fait, elle inclut toute la proportion relative à la recherche du plaisir, sous toutes ses formes, appelée généralement l'hédonisme, et comme la sexualité fait partie de la quête du plaisir et de l'hédonisme, on comprend que le désir sexuel varie, à l'instar de l'humeur, en fonction des saisons. Puis, les spécialistes ont découvert que la lumière est à la base des fluctuations de l'humeur. Or, le passage de l'hiver au printemps se traduit, principalement, par une exposition plus longue des organismes à la lumière du jour. ''Justement, a ajouté notre interlocuteur, le principal agent à l'origine de ces variations humorales est la quantité de lumière à laquelle le corps est exposé. De la sorte, la quantité de lumière à laquelle on est exposé influe sur notre humeur et par conséquent sur notre sexualité et sur notre hédonisme, ou recherche du plaisir. Aussi, la meilleure humeur s'oriente vers l'euphorie à mesure que la journée s'allonge et il y a même, au niveau du cerveau, un petit organe appelé épiphyse (à ne pas confondre avec l'hypophyse) qui serait l'intermédiaire entre la lumière et l'humeur. C'est cet organe qui assure, en quelque sorte, la gestion des excitations lumineuses reçues de l'extérieur.
Pour soigner les dépression saisonnières Cette donnée a eu des incidences thérapeutiques. Certaines dépressions dites , d'ailleurs, dépressions saisonnières, sont soignées par des séances de lumino- thérapie. Les patients sont exposés à des séances de lumière intense. En Tunisie, la technique n'est pas pratiquée, car le pays est naturellement ensoleillé, de sorte que les gens guérissent spontanément de ces dépressions saisonnières. Mais, fait remarquer notre interlocuteur, quand on est relativement informé on peut déceler ces influences diffuses à travers les impressions et les jugements que les gens portent, subjectivement, dans leur discours quotidien, sur l'ambiance générale qui les entoure, suivant leur état humoral, à l'instar de l'expression ''el koubbi habet'' pour désigner l'impression d'une ambiance morne et fade. Elles transparaissent également à travers le comportement des gens qui multiplient au printemps les sorties et les promenades en plein air. Dans ce même contexte, a-t-il poursuivi, l'observation zoologique montre que la période printanière est la saison des amours chez les animaux, et à ce niveau, également, les sécrétions hormonales qui les excitent sont conditionnées par la lumière et l'exposition aux excitations lumineuses. On est même tenté d'extrapoler ce constat aux populations végétales, a-t-il conclu.