Le Temps-Agences - Le meurtre d'un Copte par un policier relance les craintes de tensions confessionnelles en Egypte, où les autorités assuraient hier que les motifs de l'assassin n'étaient pas d'ordre religieux. Ce meurtre alourdit un climat déjà tendu en Egypte, onze jours après un attentat meurtrier contre une église copte à Alexandrie, la deuxième ville du pays, qui a fait 21 morts. Les inquiétudes internationales suscitées par ces violences ont conduit Le Caire à rappeler pour consultations son ambassadeur au Vatican. L'attentat d'Alexandrie n'a pas été revendiqué mais les autorités pointent du doigt des "mains étrangères", en allusion à Al-Qaïda. Mardi, un policier est monté à bord d'un train dans la localité de Samalut, à quelque 200 km au sud du Caire, et a ouvert le feu avec son arme de service, tuant un passager, Fathi Saïd Ebeid, 71 ans, et blessant cinq personnes, dont son épouse âgée de 61 ans, selon le ministère de l'Intérieur. Les autorités se sont empressées hier d'assurer que le meurtrier n'avait pas agi pour des motifs confessionnels. Le gouverneur de Minya, Ahmed Diaa Eddine, dont dépend Samalut, a estimé que "l'acte du policier était lié à son état mental et non pas à la religion des victimes". Une version différente a toutefois été donnée par un religieux copte, pour qui le meurtrier était bien à la recherche de chrétiens. Se fondant sur les témoignages des blessés, tous coptes, le père Morcos, de l'évêché de Samalut, a assuré que le policier avait repéré un groupe comprenant des femmes ne portant pas le voile islamique. Selon une source des services de sécurité, le policier aurait en revanche dit avoir agi dans un état de "frustration et de colère" parce qu'il avait besoin d'argent, et aurait nié avoir pris pour cibles des chrétiens. Le parquet a décidé le maintien en détention du policier pour 15 jours pour meurtre avec préméditation. Plusieurs centaines de Coptes en colère se sont rassemblés mardi soir près d'un hôpital de Samalut où étaient soignés les blessés. Des accrochages ont eu lieu avec la police, qui a tiré des grenades lacrymogènes, selon des témoins. La présence policière a été renforcée dans ce secteur par crainte de nouveaux troubles, selon les services de sécurité. Plusieurs blessés ont été transportés par avion spécial vers un hôpital du Caire, une décision exceptionnelle "qui a une dimension médicale, mais aussi politique et sécuritaire", a reconnu le porte-parole du ministère de la Santé, Abdel Rahman Shaheen.