Le Temps-Agences - François Bayrou (MoDem) a jugé hier que la phrase de Michèle Alliot-Marie proposant l'aide sécuritaire de la France au régime Ben Ali était «une des plus grosses bourdes qu'on pouvait faire», «révélatrice» de «la proximité» de la France avec l'ex-dictateur tunisien. Invité de RMC et BFM TV, le président du Mouvement démocrate n'a toutefois pas demandé la démission de la ministre des Affaires étrangères. «Je ne traite pas ça comme des problèmes de personnes», a-t-il dit. Selon M. Bayrou, «la phrase de Michèle Alliot-Marie est une des plus grosses bourdes qu'on pouvait faire sans doute», mais surtout «elle est très révélatrice, et c'est ça qui est important». Ces déclarations faites devant l'Assemblée nationale revenaient à dire: «on est prêts à aider les Tunisiens à réprimer les manifestations sans faire de casse», a-t-il expliqué. «On voit bien ce qu'elle voulait dire: c'est à dire éviter les très graves accidents des manifestations qui font des morts». «En réalité, c'est très symptomatique, ça révèle ce qu'était l'état d'esprit, depuis des années et des années, de toutes les autorités françaises, de tous les gouvernements successifs qui étaient dans une proximité très grande avec le pouvoir tunisien», a affirmé le leader centriste. «Tout le monde sait que les autorités françaises, gouvernements successifs de droite comme de gauche, ont été avec Ben Ali et son régime dans un soutien qui ne s'est jamais démenti, peut-être aussi parce qu'ils considéraient que c'était un rempart contre l'islamisme», a insisté M. Bayrou. Il ne faut pas «être aveugle en face des menaces qui existent, et l'islamisme en est une», mais «nous France, nous Europe, nous avons à tendre la main à ceux qui sont en butte à la persécution, à ceux qui sont les victimes des régimes dictatoriaux». «Il y a une part en politique de réalisme, mais au moins qu'on ne vienne pas après coup se présenter comme des défenseurs des victimes alors qu'on a été les complices actifs et bienveillants de ceux qui les poursuivaient», a dit le député des Pyrénées-Atlantiques.