Au premier jour de la grève illimitée organisée par le syndicat de l'enseignement de base, les enseignants ont organisé hier une manifestation pour exprimer leur refus de voir des anciens ministres de Ben Ali rester en place au sein du gouvernement provisoire. Cette manifestation, qui a regroupé plus de 300 personnes, est partie de la place Mohamed Ali pour atteindre vers midi la Kasbah et plus tard le ministère de l'Education où certains enseignants ont exprimé leur volonté d'organiser un sit-in. « Il faut que tout cela cesse. Ce gouvernement doit respecter la volonté du peuple », nous indique Mme Marnissi, enseignante. « Je sui moi-même mère de famille et je ne pense pas que cette grève est contre leurs intérêts, au contraire, c'est là la meilleure manière de leur assurer un avenir meilleur. Je ne veux pas que mes enfants aient à subir ce que nous avons subi tout au long de ces années de répression qui n'a fait que régressier le niveau intellectuel de tout un peuple », ajoute-t-elle. L'autre son de cloche La grève des enseignants hier ne faisait pas l'unanimité. Beaucoup de parents d'élèves et même des enseignants considéraient hier que le syndicat en faisait trop et qu'il est en train de faire de leurs enfants des otages des jeux politiques voulus par la centrale syndicale en épreuve de force avec le gouvernement. D'ailleurs plusieurs témoins nous ont indiqué l'organisation de contre-manifestations par des élèves et des enseignants dans certaines régions devant les locaux du syndicat. Ils exigent le retour aux bancs des écoles. Devant l'école de base à la nouvelle médina, où nous avons rencontré des parents d'élèves, une mère amenant son fils à la première année de base exprime son exaction : « Cela fait deux semaines que mon fils est à la maison. Deux semaines devant la télévision alors qu'il devait être à l'école. J'ai essayé de meubler ce retard, mais rien ne remplace la classe. Enseigner, c'est tout une pédagogie, c'est n'est pas donné à tout un parent ». Côté enseignants, il y a ceux qui, hier, ont regagné leurs lieux de travail. Une enseignante, nous explique son choix. «La révolution tunisienne est une première dans le monde arabe, dans le monde tout court même. Il est plus utile d'aujourd'hui de la faire expliquer à nos enfants dans l'école. C'est là, je pense une forme de militantisme plus efficace et plus important que de manifester dans les rues ou de laisser les enfants chez eux. Ce sont ces enfants qui vont nourrir cette révolution et cela ne peut être fait qu'au sein de l'école. »