Un collectif d'artistes et de critiques indépendants vient d'être formé. Il proposera ce vendredi 11 février à partir de 16h30 à l'Espace Aykart*, à El Omrane, un débat avec toutes les forces vives de la société tunisienne sur le thème « Créer en révolution ». On abordera également à l'ordre du jour de la rencontre, le thème du musée de la révolution. Voici le texte fondateur de ce collectif. La révolution du peuple tunisien pour la liberté et la dignité a été qualifiée entre autre, de révolution de la jeunesse et de cyber révolution; elle est aussi un foyer de création extraordinaire. Le mode d'utilisation du réseau numérique par les internautes a mis en place des dispositifs d'images à la fois informationnels, fictionnels et créatifs. Conjuguant vitesse, force de présence, mouvement et matière, ces dispositifs ont généré en temps réel une intensité communicative et contagieuse. Les facebookers ont exploité le pouvoir des images produites ou reproduites en détournant les diverses formes de censure et diffusant largement les photos des révoltes et de la répression. Ces images saisies sur le vif, volées dans des conditions souvent dangereuses, par le biais de camera, d'appareil photo ou de téléphone portable ont fonctionné comme des mots d'ordre. Mais les dispositifs ont aussi été des dispositifs participatifs ouverts à l'interactivité et à la création partagée dans un système de relai. La puissance imaginative a contribué à défaire l'image des Icones du pouvoir et à les proposer à l'interactivité et à la participation. Ces nouvelles démarches s'inscrivent dans une résistance par de nouvelles formes d'individuation. Il s'agit de subjectivités sociales désirantes et créatives. La stratégie des arts s'avère être celle des interventions dans des plissements à l'intérieur d'un système culturel désuet avec ses modes anachroniques de représentation. Ces actions interactives et créatives ont manifesté de l'intérieur les diverses mystifications du système politico-culturel et la perversion des modes de gestion de nos perceptions. Elles nous placent délibérément hors d'une conception convenue de l'art et nous ouvre le champ des possibles dans la différence et la pluralité. Compte tenu de ce changement, nous vous invitons à réfléchir sur l'avenir de l'art , sur ses modes de création , sur les espaces de création et d'exposition qui lui seraient appropriés, ainsi que sur le rôle que doivent assumer les Institutions culturelles dans l'ensemble du pays. *( Espace AYKART, Rue Mikhail Nouaima, Tunis)