Le Temps-Agences - Les défenseurs de Julian Assange ont vainement tenté hier d'obtenir l'ajournement de l'audience du tribunal britannique chargé d'examiner l'extradition du fondateur de WikiLeaks en Suède, au prétexte que les autorités suédoises l'auraient transformé en "ennemi public numéro 1". Julian Assange, que la justice suédoise souhaite entendre dans le cadre d'une affaire de viol présumé, est "l'ennemi numéro 1 après les déclarations du Premier ministre" suédois Fredrik Reinfeldt, a affirmé l'un des avocats de la défense, Geoffrey Robertson. "Dans un petit pays (comme la Suède), ses propos ont créé une atmosphère toxique", a-t-il ajouté. M. Reinfeldt avait jugé mercredi "regrettable que les droits des femmes et leurs points de vue soient aussi peu pris en compte" par la défense de M. Assange. Il avait aussi assuré que son pays avait "un système judiciaire indépendant", contrairement aux insinuations des avocats du fondateur de WikiLeaks. La défense de M. Assange a saisi ce prétexte pour réclamer hier l'ajournement de l'audience, jugeant que les propos du Premier ministre pouvaient porter atteinte à l'équité du procès. Le juge Howard Riddle a cependant rejeté cette demande. Plus tôt dans la matinée, Julian Assange était arrivé, sans faire de déclarations, au tribunal de Belmarsh, dans l'est de Londres, accompagné de trois de ses avocats. C'est la troisième fois de la semaine que l'Australien de 39 ans comparaît devant la justice, qui a commencé à étudier lundi et mardi la demande d'extradition formulée par la Suède. Les débats devaient se terminer initialement mardi, mais l'audition des témoins cités par la défense a été plus longue que prévu. Hier, le tribunal devait entendre les conclusions de la défense et de l'accusation dans cette affaire. La justice devra donner ou non son feu vert à l'extradition de M. Assange. L'usage est cependant que dans ce genre d'affaires, la décision est mise en délibéré. Elle pourrait être annoncée dans un délai d'une dizaine de jours, mais la bataille judiciaire s'annonce beaucoup plus longue, les possibilités de recours qui s'offrent aux deux parties étant nombreuses. L'Australien dément formellement les accusations d'agression sexuelle et de viol portées contre lui par deux Suédoises pour des faits remontant au mois d'août dernier en Suède. Les avocats de M. Assange estiment notamment que le fait que la justice suédoise veuille l'interroger ne justifie pas son extradition. Ils avancent aussi que les faits reprochés à leur client ne sont pas des délits au regard de la loi britannique. En Suède, le viol a en effet une définition beaucoup plus étendue que dans d'autres pays, ce qui vaut au pays nordique de détenir le record d'Europe du nombre de plaintes.