La décision annoncée par le ministre de la Jeunesse, des Sports et de l'Education physique, Mohamed Aloulou, de la reprise des championnats à partir de ce week-end a, certes, eu l'aval du ministère de l'Intérieur, principal garant de la sécurité, mais nous amène fatalement à nous poser l'incontournable interrogation; le pays est-il prêt pour ce retour aux compétitions? La Révolution a transféré le courroux, exprimé jadis, dans les stades et manifestement dirigé contre les injustices, les dépassements, les iniquités, la loi du plus fort et la tyrannie du pouvoir, dans la rue. Désormais, les jeunes qui en sont venus à être systématiquement contrôlés à l'entrée de l'arène sportive, persécutés par des forces de l'ordre, eux-mêmes, victimes de l'absolutisme, du despotisme du dictateur déchu et contraints, à leur corps défendant, d'exécuter les ordres. Les inimités créées, par cet état de fait entre des supporters surchauffés, dépités et avides de libertés, spécialement celle de s'exprimer, et des forces de l'ordre remontés, entraînés pour mâter et, à l'occasion réprimer étaient à la limite du toléré et ne maquaient pas, à maintes occasions, de dégénérer. Sommes-nous prêts, aujourd'hui, sans plus tarder, à redémarrer ? Dans les cœurs et les esprits, la Révolution n'est pas encore achevée. Elle n'a pas atteint tous ces objectifs et ce n'est pas de sitôt que cette donne va se réaliser! Les manifestations du mécontentement populaire continuent à gronder, les voix à s'élever contre une politique embrouillée et quelques politiciens, dans l'ancien régime, trempés. Alors, décréter un retour à la compétition, ouvrir les portes des stades et des terrains, lieux privilégiés des regroupements et arènes chaudes où les gens peuvent clamer haut et fort leur mécontentement, semblent inappropriés à l'heure qu'il est! Si on prend en considération, les fauteurs de troubles invétérés qui s'immiscent, inopinément dans les rassemblements pour mettre le désordre et jeter le discrédit sur les révolutionnaires de la nation, ne seraient il pas tenté d'en faire autant, profitant de cette reprise des compétitions? Une éventualité plus que probable! « Nous devons ravaler nos angoisses et surmonter nos peurs » affirme Mohamed Aloulou le ministre de la Jeunesse, des Sports et de l'Education physique. On ne demande pas mieux, monsieur le ministre, nous sommes tous, quelque part, impatients de retrouver une vie normale. Nous aspirons à respirer à pleins poumons l'air nouveau de ces changements bénis qui ont transfiguré nos vies. Nos libertés récupérées, notre dignité retrouvée, notre identité reconquise et notre citoyenneté pleinement affirmée ont besoin d'être, avec délectation savourée! Ne prenons pas la peine de tout gâcher par une décision précipitée. Gouverner c'est prévoir, et dans ce climat, encore, entaché d'insécurité, la reprise des compétitions, n'est il pas le risque de trop, à éviter !