Comme prévu et comme toujours, Mouammar Kadhafi a parlé pour ne rien dire. Hier, après-midi, dans une tentative d'anéantir la colère de son peuple, le « Guide » libyen a joué toutes les cartes pour sortir indemne du génocide commis par son régime depuis vendredi dernier, et qui a fait plus de 500 victimes. «Jusque-là, je n'ai pas déployé la force », a-t-il mis en garde le peuple libyen, par le biais d'un discours retransmis par la chaîne « Al Jazira » ; comme s'il n'était pour rien dans la tragédie vécue par nos frères libyens, ces derniers jours. Le «leader» libyen, outre ces défauts incalculables, a carrément échoué dans sa démagogie frisant la pitrerie en affirmant ceci : « Si j'étais président j'aurai démissionné ». Ceci laisse supposer qu'il n'a pas rompu avec sa comédie, ni oublié une certaine rancune qu'il garde encore envers Bourguiba. «Parmi les combats gagnés, j'ai combattu Bourguiba, Sadate et Numeïri», a-t-il noté, d'un ton ferme et jubilatoire. A notre connaissance, Habib Bourguiba, durant son règne, n'a jamais tenté de nuire à ses voisins. Le premier Président de la Tunisie indépendante se distinguait de ses homologues arabes et africains par sa politique rationnelle, visionnaire et perspicace. Des qualités reconnues à l'unanimité, car l'histoire, par la suite, lui a toujours donné raison. L'homme qui a construit la Tunisie moderne est décédé depuis voilà onze ans et dort tranquillement dans sa tombe, à Monastir. Mais, celui qui se targue d'être l'artisan de la Révolution (au juste, c'était un coup d'Etat, le 1er septembre 1969 contre le vieux monarque Idriss Senoussi), n'a pas encore digéré, paraît-il, la leçon infligée par Bourguiba, en 1974, au Palmarium, Kadhafi, encore « président-apprenti » rêvait d'une fusion tuniso-libyenne et essayait d'en convaincre l'assistance, avant que Bourguiba n'eut fait irruption dans la salle pour le courcircuiter à travers un discours historique. Trente sept ans après, Kadhafi garde toujours cette scène en mémoire. Concrètement, il n'a pas retenu la leçon!!!