Tunis reçoit beaucoup de ministres, de députés et de hauts responsables européens et notamment français ces dernières semaines. A travers leurs visites depuis le 14 Janvier, on ne cesse d'articuler l'engagement de la France pour supporter le redécollage économique tunisien. Le chantier est d'envergure, surtout que les entreprises venant de ce pays, au nombre de plus de 1200, font de lui l'un des premiers investisseurs étrangers en Tunisie, en termes de nombre de postes d'emploi, mais pas en valeur. Dans ce cadre Pierre Lellouche, le secrétaire d'Etat français du Commerce Extérieur effectue une visite en Tunisie. Une visite qui lui a permis « de rencontrer ses homologues tunisiens auxquels il a renouvelé l'engagement et l'encouragement du gouvernement et du peuple français à la Tunisie », a-t-il décalé lors d'un point de presse tenu avec le ministre du Tourisme et du Commerce tunisien, Mahdi Haouas. Le responsable français a insisté sur l'enthousiasme qui caractérise les chefs d'entreprises françaises installées en Tunisie « ces entreprises fonctionnent normalement, et nous avons senti chez leurs responsables un engagement pour une saine poursuite des activités et même des augmentations des investissements. Nous voulons instaurer une action commune qui pousse de l'avant la coopération entre nos deux pays. Il existe un nombre important d'entreprises françaises qui avaient dans leurs capitaux des actionnariats aux noms des membres des familles de l'ex- président. Nous comptons collaborer avec les instances tunisiennes pour assurer une transition de ces parties au profit de l'Etat tunisien, après avoir dépassé ensemble les problèmes techniques et juridiques qui s'imposent ». Pour Mahdi Houas, « la France a toujours été un pays amis, ce qui nous donne confiance pour envisager l'avenir avec sérénité. En Tunisie, nous sommes de plus en plus conscients des challenges qui s'imposent afin de passer dans le rang des grands pays ». Parlant des problèmes qui sont apparus au cours des dernières semaines, le secrétaire d'Etat français a mentionné qu' « il y a eu de l'insécurité dans beaucoup de sites de production et d'usines ce qui a provoqué des dégâts matériels, un problème qui est désormais à la charge des compagnies d'assurance. Comme nous avons soulevé un cas de d'appropriation d'une entreprise par une autre ». Ce qui semble enchanter le plus les deux responsables c'est aussi «la disposition des chefs d'entreprises tunisiens à aller de l'avant, ainsi que l'engagement des employés tunisiens dans les entreprises françaises ou à participation française à préserver leurs usines et leurs entreprises». Le plus important c'est surtout « le besoin de l'économie de règles de droits », « beaucoup d'entreprises veulent élargir leurs investissements, certaines tiennent à la loi alors que d'autres tiennent à la coutume, a dit Pierre Lellouche, mais il est impératif que toute action respecte les lois en vigueur ». Selon lui « les lignes de crédits mises à la disposition des entreprises ont été orientées vers d'autres urgences par le gouvernement actuel. En ce moment on attend dans quel domaine la Tunisie va faire les bases de ses stratégies d'avenir, et pour notre part nous allons essayer d'être le plus en amont possible ». Faisant allusion à la loi adoptée par le Sénat français l'année dernière ayant pour objectif de restreindre l'activité des centres d'appels français en Tunisie et visant à faire revenir ces entreprises en France, nous avons demandé au responsable français s'il existe une intention d'adopter une nouvelle loi qui encourage les chefs d'entreprises français à accentuer leur présence en Tunisie, Pierre Lellouche a dit qu'il « ne préfère pas entrer dans cette question sensible à savoir celle regardant l'environnement fiscal», mais qu'il souhaite « que les entreprises françaises en Tunisie et ailleurs fassent du gagnant- gagnant ». Il donne l'exemple de plusieurs entreprises françaises qui ont des partenariats fructueuses avec des entreprises tunisiennes et là « ce qui me fait plaisir c'est non seulement le transfert technologique qui a lieu, mais aussi à ce que ces entreprises comptent sur des machines et des technologies françaises, car le savoir faire des compétences tunisiennes est bien apparent». Mahdi Houas pour sa part, semble être entré dans le vif de la réalité tunisienne. « Nous avons une grande volonté pour changer notre positionnement. La Tunisie s'est vue coller l'étiquette Low Cost, qu'il s'agisse de l'industrie que du commerce, c'est ce que nous ambitionnons changer et surtout améliorer. Cette transition doit se faire tout en respectant le droit légal et le droit social. Nous allons certes continuer à proposer des deals gagnant-gagnant, mais ceci doit mettre en avant les droits sociaux des jeunes recrutés par les entreprises ». Ce qui a toujours été évoqué comme ambition tunisienne n'a pas été réinventé par le ministre du Tourisme et du Commerce actuel, à savoir celui de « faire de la Tunisie une plateforme de relais vers le marché de demain, celui de l'Afrique », mais c'est avec un positionnement « d'égal à égal ». Fini le bradage de la main d'œuvre tunisienne et certainement aussi de la Tunisie entière? Attendons pour voir.