Maroni déplore «l'attitude de la Tunisie» et demande à Berlusconi de se rendre à Tunis pour en discuter avec Béji Caïd Essebsi - L'Italie, confrontée à une vague d'immigration en provenance de Tunisie, a redemandé hier aux pays de l'Union européenne d'accueillir des immigrés tunisiens sur leur territoire, une requête déjà rejetée la veille par la Commission. "Les immigrés qui sont déjà en Italie doivent être rapatriés en Tunisie ou répartis entre plusieurs pays européens. Nous assistons à une absence de solidarité éclatante, en particulier de la part de la France", a dit à une télévision le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini. L'Italie accuse régulièrement l'UE de l'avoir abandonnée dans sa lutte Contre l'immigration clandestine. Le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, a pour sa part déploré l'attitude de la Tunisie jusqu'à présent, assurant qu'il demandera à Silvio Berlusconi, si nécessaire, de se rendre à Tunis pour tenter de débloquer la situation. "La Tunisie s'était engagée à lutter contre les flux illégaux, mais jusqu'à présent cela n'a pas été le cas et elle n'accepte pas le rapatriement des 19.000 Tunisiens identifiés. J'ai donc demandé à Silvio Berlusconi de solliciter le Premier ministre (tunisien, ndlr), en allant à Tunis si nécessaire", a déclaré M. Maroni après un Conseil des ministres. Selon M. Maroni, sur les 22.000 migrants arrivés depuis le début de l'année en Italie, 2.000 sont des réfugiés africains, pour l'essentiel des Somaliens et Erythréens. A ce titre, contrairement aux Tunisiens destinés à être "identifiés et rapatriés", les réfugiés "peuvent rester en Italie et il faut prévoir un parcours d'intégration", a-t-il précisé. Interrogé sur le fait de savoir si le Nord prospère recevrait moins de migrants que le Sud défavorisé de l'Italie, M. Maroni a souligné que le plan gouvernemental prévoyait que "toutes les régions, sauf les Abruzzes", touchées en 2009 par un séisme meurtrier, "puissent accueillir jusqu'à 10.000 personnes". Hier, les premières évacuations hors de Lampedusa, la petite île italienne située face aux côtes tunisiennes qui a été submergée ces dernières semaines par une vague d'immigrés, ont débuté et plus de 2.500 personnes sont parties vers des régions du Sud, l'immense majorité allant dans les Pouilles, région dirigée par l'opposition de gauche. Selon M. Frattini, les autorités tunisiennes ont bloqué 1.200 personnes au cours des dernières 48 heures. Toutefois, 500 migrants ont débarqué mercredi à Lampedusa. M. Frattini s'est dit par ailleurs convaincu qu'"avec l'encouragement de la communauté internationale, l'Union africaine pourrait demander très rapidement à Mouammar Kadhafi de se retirer", rappelant qu'il n'y a toujours pas de proposition officielle concernant l'exil du leader libyen "sauf peut-être celle de l'Ouganda". Dans ce contexte, il a annoncé la venue à Rome lundi de représentants des insurgés libyens.