Rassurés par des précédentes déclarations émanant des responsables du ministère de l'Education sur la volonté de préserver les établissements scolaires contre leur utilisation à des fins religieuses, des citoyens et enseignants se disant attachés aux acquis de la modernité nous ont déclaré ne pas avoir très bien saisi, dans ces conditions, la signification et le sens exact du récent communiqué publié, samedi dernier 23 avril, par ce même ministère et y affirmant « son opposition à tout ce qui est de nature à porter atteinte aux croyances, religions et aux choses sacrées, dans les salles de classe. » Sa publication fait suite à de fausses accusations portées contre un professeur pour avoir appliqué les principes et la méthode de l'analyse scientifique à des faits d'histoire religieuse. A cet égard, nos interlocuteurs nous ont dit qu'en principe ‘'rien n'est sacré pour la science.'' Sur cette base, il importe de distinguer l'enseignement religieux et l'étude scientifique et historique des religions et des idées religieuses. L'enseignement religieux, comme l'instruction religieuse ou le catéchisme, vise à inculquer et à apprendre à des gens considérés a priori comme étant des croyants et des fidèles, les principes de la religion considérée. Cet enseignement religieux est le plus souvent dispensé par des hommes de religion formés dans des établissements spécialisés religieux et il ne risque pas de donner lieu à des écarts d'interprétation, car les enseignants sont des croyants. Par contre, l'étude scientifique des religions et des idées religieuses considère les religions et les idées religieuses comme étant des phénomènes psychologiques, sociaux et historiques ordinaires, à l'image de n'importe quel autre phénomène, tel que le phénomène du mariage et les coutumes relatives au mariage en vigueur dans les sociétés humaines et même animales. Dans cette perspective, les religions et les idées religieuses sont étudiées selon les principes et la méthode de l'analyse scientifique, appliqués dans toutes les disciplines scientifiques, en allant des mathématiques et sciences physiques, à la psychologie, l'histoire et la sociologie. Ainsi, comme tout le monde le sait parfaitement, la science exclut totalement les explications à caractère surnaturel et métaphysique et n'admet que les explications matérielles, physiques et purement naturelles des phénomènes, établis sur des faits matériels, physiques et naturels, vérifiables à tout moment. Toutes les religions du monde sont fondées sur des mystères surnaturels que la science enregistre et cherche à en expliquer l'origine par des faits naturels de caractère matériel, physique, psychologique ou sociologique, vérifiables. Dans sa démarche, la science a le mérite exclusif de ne pas faire de jugements de valeur, c'est-à-dire qu'il n'y a pas, pour la science, une religion fausse et une religion vraie, ou une religion meilleure que les autres, comme il ne saurait y avoir, pour la science, un arbre faux et un arbre vrai, et un arbre meilleur qu'un autre, sur le plan de l'étude botanique, du moins. Omission délibérée Cependant, comme l'a relevé un commentateur, les scientifiques spécialisés dans les études des religions et des idées religieuses, les anthropologues, les ethnologues et les sociologues, notamment, particulièrement en Europe, évitent et omettent, délibérément, déjà depuis plus de deux siècles, de soumettre les grandes religions monothéistes, le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam, à des analyses scientifiques poussées, axant leurs recherches sur les religions dites primitives et animistes ou encore les anciennes religions paiennes. Ce genre d'études est extrêmement rare en ce qui concerne l'Islam, bien qu'un esprit éclairé, le penseur algérien Mohamed Arkoun ait combattu, sa vie durant, pour développer ce genre d'études sur les croyances religieuses en terre d'Islam. Ainsi, nous a dit ce même commentateur, la notion de l'Immaculée Conception dans la religion chrétienne relève du surnaturel pour la science, c'est-à-dire le privilège de la vierge Marie d'avoir conçu et engendré Jésus Christ par la seule action du Saint Esprit. Or, a-t-il noté, cette idée est très répandue dans les religions paiennes des anciens Grecs, entre autres, à travers le culte des Héros, et dans l'esprit des anciens Grecs, ces Héros étaient des hommes extraordinaires nés de l'union sacrée d'un dieu et d'une femme élue de l'espèce humaine, à l'instar du Héros grec connu Héraclès ou Hercule, né de l'union du dieu Zeus, le dieu des dieux chez les anciens Grecs avec une femme appelée Alcmène, épouse d'un ancien roi grec. Dans la religion musulmane, l'interdiction de manger la viande du porc était répandue chez les anciens égyptiens de l'époque pharaonique, chez les hébreux, ainsi que chez les anciens habitants de l'Afrique du Nord, appelés ‘'berbères'' ou ‘'libyques''.