Lors de son bref passage à la tête du ministère de l'Intérieur, il avait très rapidement gagné le cœur de beaucoup de citoyens après quelques rares et très remarqués passages à la télévision. Il avait une sorte de prestance en grosses dentelles, de l'humour, de la retenue et un courage qui frisait la témérité surtout quand il déclara qu'un grand nombre des agents du ministère l'avaient attaqué jusque dans son bureau, qu'il a craint pour sa vie et qu'il ne put échapper à leur violence qu'en prenant la fuite par la petite porte en laissant dans la tourmente ses lunettes et son téléphone portable, visiblement volés par un des attaquants. Même si beaucoup admirèrent son franc-parler, cela en fit sourire plus d'un. Mais son coup de maître consiste, alors que personne n'y croyait, en la décision qu'il a prise contre le RCD, l'ex-parti au pouvoir, en déclarant qu'il l'avait tout simplement jeté aux oubliettes de l'histoire en ordonnant sa dissolution et le retour de tous ses biens au trésor public. Coup dur pour les vieux dinosaures du plus vieux parti issu du mouvement de libération nationale d'Afrique et d'ailleurs. Un bras de fer infernal a été alors engagé et les choses sont allés crescendo dans la complication. Il fallait bien s'en débarrasser d'autant plus que les mastodontes du ministère de l'Intérieur étaient à dix mille lieues de le porter dans leur cœur. Depuis, Rajhi a disparu du paysage médiatique tout occupé, semble-t-il, à présider le Haut Comité des Droits de l'Homme et des libertés fondamentales, jusqu'à ce mercredi 4 mai où il mit carrément les pieds dans le plat, en révélant quelques effroyables « vérités » dont la plus terrible est celle relative à un prétendu coup d'Etat que le Général Rachid Ammar est en train de préparer pour prendre le pouvoir, le rôle que sont en train de jouer les Sahéliens qui ne voudront pour rien au monde lâcher le pouvoir, la direction occulte de Kamel Ltaïef, ex-ami intime de l'ex-dictateur, avant la grande brouille, de toutes les affaires du pays, le fait qu'il a été renvoyé comme un malpropre du ministère de l'Intérieur par Caïd Essebsi. S'il apparaît comme le défenseur de la vérité, par amour de la clarté et du peuple, pour certains, cet ange aux ailes et aux mains trop blanches, pousse d'autres à l'accuser de tous les maux tels que celui de jouer le jeu des intégristes et de rajouter de l'huile sur un pays où on a beaucoup de mal à éteindre le feu. Ange ou démon ? Nous le saurons dans les heures qui viennent car nous pensons que les réactions à ses déclarations ne vont pas tarder échauffer les esprits.