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Un redécoupage économique de la Tunisie est-il à l'ordre du jour ? Signature d'un protocole d'accord entre le ministère du Développement Régional et l'Assemblée des Régions d'Europe
Abderrazzak Zouari, ministre du Développement Régional et Michèle Sabban, Présidente de l'ARE (l'Assemblée des Régions d'Europe), ont conclu hier à Tunis un protocole d'accord, dont l'objectif est de « donner un nouvel élan aux relations de coopération entre les régions tunisiennes et les régions européennes ». Cet accord fait suite, souligne-t-on, à l'initiative de la Chambre de Commerce et de l'Industrie Tuniso- Italienne ayant pour objectif de soutenir le « processus de décentralisation » en Tunisie. A cet égard, le ministère de Développement Régional, et à travers cet accord, s'associe au réseau indépendant le plus large d'Europe. Il s'agit en effet d'un réseau qui regroupe 270 régions issues de 34 pays et 16 organisations interrégionales. A la faveur de cet accord, les gouvernorats de la Tunisie auront en l'ARE un partenaire de choix. L'ambition est de s'appuyer sur l'expertise de ce réseau en matière de mobilité et de formation professionnelle afin « de maintenir l'intégration sur le marché du travail de jeunes diplômés tunisiens, notamment via le développement d'un programme de mobilité jeunesse ». Pour Abderrazak Zouari, ministre du Développement Régional « la Tunisie pourrait s'inspirer de l'expérience polonaise en matière de développement régional. Le premier pas à faire, serait de lancer des cycles de formation au profit des jeunes dans les régions, à travers des associations. Un programme élaboré avec des associations similaires en France et qui devrait avoir lieu dans l'Hexagone intéresserait des jeunes». L'ambition du ministre est d'« ouvrir les portes des administrations régionales devant les jeunes. Une formation est nécessaire pour réussir la gestion des bureaux et structures régionales ». Une centaine de jeunes Tunisiens vont être sélectionnés pour être formée dans ce domaine de gestion de structures régionales, à l'instar de ce qui se passe dans les régions européennes. Un autre fait, c'est celui de l'intégration de la jeunesse tunisienne dans le programme européen Odyssée, ce qui devrait permettre une plus fluide mobilité de jeunes Tunisiens, afin de pouvoir aller effectuer des stages de formation dans des pays européens.
Décentralisation
Interrogé par Le Temps sur les meilleurs moyens susceptibles de décentraliser un tant soit peu la décision, notamment dans les régions, et comment profiter de cette expérience européenne dans ce domaine, le ministre du Développement régional a souligné que « la décentralisation suppose en premier lieu la création d'institutions locales. Or actuellement, il n'existe pas d'institutions locales », revenant sur l'expérience polonaise, Abderrazak Zouari, notamment sur les textes de loi adoptés après la révolution dans ce pays, dont le tout premier fut celui concernant l'organisation de la gouvernance et des institutions locales. « Pour moi c'est aussi important que la constitution qu'on est en train de discuter », souligne encore le ministre. La commission de la réforme politique est censée, selon lui de « faire des propositions en matière de code électoral, certes, mais aussi et surtout en matière de gouvernance locale ». La démocratie, selon Abderrazak Zouari « est tout d'abord une action participative et locale, c'est le sens même de la démocratie, et non seulement dans le sens d'élections générale du parlement ». C'est une issue permettant, souligne encore le ministre du gouvernement de transition, aux citoyens habitant les régions «de vivre et de pratiquer la démocratie de plus près dans leur vie quotidienne. Il faut ainsi concevoir de bons mécanismes, et c'est concernant cette question que notre ministère est en train de réfléchir ».
Vers un découpage économique des régions
Ce qui pourrait poser problème pour ce ministère, qui a pour première mission d'assurer la transition, c'est la définition même de la région. Le terme toujours adopté en Tunisie, est celui du gouvernorat, alors que la région devrait signifier un espace encore plus large. Selon le ministre « le gouvernorat est un découpage administratif, alors que la région doit être sujette à un découpage économique. Le découpage du territoire tunisien peut désormais se faire selon les spécificités, à savoir 5 ou 6 grandes régions économiques, chacune comprenant trois à quatre gouvernorats », suggère le ministre qui se base à titre d'exemple sur le fait que le « modèle de développement d'une région telle Kasserine, ne pourrait être élaboré que si on prenait en exemple les modèles des régions proches, tels que celui de Siliana et de Kairouan ». Le découpage économique de la Tunisie semble ainsi aller bon train, on pense surtout à doter les régions d'un modèle de développement car « les structures de développement sont celles qui m'intéressent, beaucoup plus que les structures politiques. C'est un moyen de première importance afin d'instaurer une réelle démocratie ». En ce qui concerne les fonds bloqués dans le cadre du plan d'urgence mis en place par le gouvernement provisoire, d'un montant de 251 millions de dinars, le ministre a souligné qu' « ils ont été répartis sur les régions, selon des critères objectifs. Chaque gouvernorat a eu sa part en fonction de ses besoins et spécificités. Les gouverneurs ont déjà reçu des parties des virements mis à leur disposition, étant donné qu'il s'agit de fonds à livrer petit à petit dans l'objectif de faire face aux demandes des populations dans les différentes régions ». Le plan du ministre provisoire du Développement Régional semble être élaboré en fonction « des moyens du bord ». Il est d'autant plus clair qu'on ne pourrait pas réussir à tout refaire dans la marge de quelques mois, voire même quelques années. Mais espérons que les cadres, et l'ensemble de personnels, que ce soit dans les ministères, les administrations centrales ou celles locales, c'est-à-dire dans les régions, adhèrent à une vision claire et se mettent vraiment au travail. Car ce qui est constaté, ces derniers temps, et une fois la braise de la Révolution commence à donner sa ferveur à d'autres priorités, c'est que tout ce qui intéresse dans les couloirs et les coulisses de nos grandes administrations, ce sont les nominations, les alliances partisanes, les ambitions personnelles d'éventuelles promotions et de plus grosses rémunération. Certains diraient que c'est la nature même du Tunisien, une nature différente que celle qui a été admirée des semaines durant, mais qui semble commencer à se faner. Les débats politiques en sont la parfaite illustration. Haykel TLILI