Evasif, sur la position de son gouvernement vis-à-vis de la résidence du gendre du président déchu, l'ambassadeur du Canada en Tunisie réaffirme le soutien de son pays à toute forme de lutte contre l'AQMI. Le Canada, « Etat de Droit », protège ses citoyens, ou ceux qui y résident. L'individu y jouit d'ailleurs d'une « immunité » garantie par la loi. C'est ce qui explique entre autres que certains membres de la famille du président déchu dont Belhasen Trabelsi ont choisi d'y élire domicile après le 14 janvier. Aucune information n'a été divulguée à cet effet par l'ambassadeur du Canada en Tunisie, Ariel Delouya lors de la conférence de presse qu'il a donnée hier, dans les nouveaux locaux de l'Ambassade sis au Lac II. «Je ne peux pas communiquer de façon personnelle » quant à cette question, ne cessait-il de répondre aux interrogations des journalistes au sujet des biens de Belhassen Trabelsi vivant au Canada sur sa situation, son éventuelle arrestation… « Je ne veux pas me prononcer sur des cas particuliers », réitère l'ambassadeur, étant donné que la loi canadienne protège la confidentialité des individus. Il ne cessait de répéter qu'il n'a aucune idée sur les biens du gendre du président déchu et que tout ce qu'il sait à propos de cette question est qu'il y a eu « des discussions pour voir s'il y avait des avoirs qui prêtent à suspicion ». Pour ce qui est du gel des biens de Belhassen, l'ambassadeur déclare qu'il faut fournir des preuves de la part du gouvernement tunisien à la justice canadienne. Mais « aucune information n'a été présentée, à ce que je sache », répète-t-il et c'est ce qui fait que « la justice tunisienne est en face d'un vrai défi », toujours d'après l'ambassadeur. En fait, la discussion concernant le gendre du président déchu ne s'est pas limitée uniquement à ses biens, mais également sa situation et s'il sera accepté en tant que réfugié politique. A cet effet, l'ambassadeur signale que « toute personne qui veut bénéficier de ce statut à le droit à une audience devant un comité indépendant ». Il est clair dès lors, que Belhassen Trabelsi sera toujours le bienvenu au Canada d'autant plus qu'il n'y a pas de traité d'extradition entre les deux pays et que le gouvernement provisoire continue de dormir sur ses lauriers. Aucun effort n'a jusqu'à présent été déployé pour fournir des données concrètes à la justice canadienne afin de geler les biens de Belhassen. Le gouvernement provisoire ne bouge pas pour profiter de la nouvelle loi promulguée au Canada le 23 mars relative au gel des biens des présidents corrompus obtenus de manière illégale. Révolution pacifique Auparavant, Ariel Delouya a rappelé les mesures prises par l'Ambassade du Canada juste après la Révolution. « Révolution digne et pacifique et qui a réussi à faire tomber la dictature », d'après l'ambassadeur. En effet, juste après le 14 janvier, « nous avons établi une liste de plus de 100 personnes issues de l'ancien régime ainsi que ses collaborateurs qui doivent se soumettre à un contrôle particulier s'ils veulent se rendre au Canada ou dans d'autres pays européens », enchaîne M. Delouya tout en précisant que son pays est en train de soutenir la société civile dans la transition démocratique à travers l'appui financier de certaines organisations. Le Canada a aussi versé une somme de 8,6 MD pour aider la Tunisie et les organisations internationales à prendre en charge les réfugiés au niveau des frontières tuniso-libyennes. Par ailleurs, l'ambassadeur n'a pas caché son souci quant à ce qu'il appelle « la menace de l'AQMI dans la région ». Les dernières découvertes quant à des personnes suspectes infiltrées dans notre territoire encouragent la diplomatie canadienne à coopérer davantage avec les renseignements tunisiens ce que « l'ancien pouvoir refusait de faire », déclare l'ambassadeur.