La ville de Metlaoui vit depuis vendredi soir, au rythme des affrontements entre citoyens à cause des rancunes persistantes entre les tribus de la région. Une rixe entre deux personnes a été à l'origine du déferlement de la violence puisqu'elle a dégénéré en une bataille entre bandes de jeunes où ont été utilisés les jets de pierres, les gourdins, les cocktails Molotov et les fusils de chasse. Ces affrontements ont fait trois morts dont les jeunes Ahmed Jelabi et Sami et plus de 90 blessés transférés aux hôpitaux de Metlaoui, Moularès et Gafsa. Cette atmosphère a terrorisé les citoyens notamment après avoir appris que les tirs ne provenaient ni des forces armées, ni des forces de l'ordre. Il s'est avéré que ces dernières ont été empêchées par les citoyens de s'approcher des lieux des affrontements. D'autres groupes ont incendiés et pillé les biens publics et privés sans que la protection civile puisse intervenir à causes barricades érigées sur les routes. Ainsi, les commerces et les cafés ont fermé leurs portes entraînant une paralysie totale de l'activité dans la ville. Les parents ont dû accompagner leurs enfants à l'école pour la dernière journée de la semaine bloquée. Dans le but d'empêcher l'aggravation de la situation, un couvre feu a été décrété hier, dans la ville de 20h jusqu'à 5h et d'importants renforts de militaires et des forces de l'ordre ont été dépêchés pour rétablir l'ordre. Seulement, deux autres personnes ont trouvé la mort hier, suite à une violente agression par un groupe d'individus sur un habitant de la région et son fils. En dépit de leur intervention, les forces de sécurité publique ne sont pas parvenus à repousser les agresseurs et les empêcher d'attaquer les deux victimes.
Le tribalisme renaît de ses cendres
Les tensions qui existaient jadis, en Tunisie, entre les tribus, notamment pendant le règne de la dynastie husseïnite, ainsi que durant toute la période coloniale, ont disparu dès l'avènement de l'indépendance grâce à Bourguiba qui a su créer un climat de concorde entre tous les citoyens et les mobiliser pour la lutte contre le sous-développement et les mentalités archaïques et les esprits revanchards. Or, on assiste depuis la Révolution à des affrontements sanglants depuis le mois de mars entre des tribus dans les régions de Gafsa, Metlaoui, Mdhilla et Sned, qui se sont soldés par plusieurs morts et blessés dont des élèves du lycée du Sned décédés suite aux événements survenus entre les habitants de la ville du Sned et ceux de la région Alim. Plusieurs dégâts matériels ont été également enregistrés suite à ces événements dans des établissements scolaires. Ces affrontements qui ont commencé par des jets de pierres pour se terminer par des échanges de coup de feu entre la nuit du vendredi à samedi, entre des milliers de personnes appartenant aux tribus de Ouled Bouyahia et les Jridiya en laissant des morts et des dizaines de blessés. Notre consœur Assabah a contacté maître Fayçal Jedlaoui, avocat de la région de Gafsa, qui nous a déclaré à propos du tribalisme : « Ce phénomène du tribalisme est survenu à l'aube de la Révolution, et le premier évènement enregistré le 10 mars dernier, fut celui de l'affrontement sanglant entre les tribus de Ouled Slama et Ouled Bouyahia et qui s'est soldé par plus de 50 blessés suite à des échanges de coups de feu entre ces deux tribus. Puis, il y a eu les affrontements dans la ville de Mdhilla, entre la tribu de Ouled Yahia et celle de Ouled Maâmmar avec des échanges de coups de feu également, outre les violations de domiciles et les vols dans les magasins.
Les pertes humaines ainsi que les dommages d'ordre physique et matériels dus à ces affrontements ont donné lieu à des plaintes qui ont été déposées aussi bien par le procureur de la République que par les victimes auprès du parquet du tribunal de première instance de Gafsa. Maître Jedlaoui affirme à notre consœur Assabah qu'il y a actuellement plus de 40 affaires devant le tribunal de Gafsa. Il ajoute que la cause première de ces affrontements est dûe principalement aux problèmes d'emploi. La Compagnie Sfax-Gafsa n'avait aucun critère déterminé pour recruter les demandeurs d'emploi appartenant à différentes tribus, et dont certains étaient embauchés au hasard, au détriment de certains autres, parfois plus méritants. D'après Assabah Moufida Guizani daassi [email protected] amad salem [email protected]