- Interview de Gabriella Borovsky, représentante de l'Organisation « L'Institut National Démocratique » La Tunisie s'apprête à organiser le 23 octobre les élections de la Constituante. Elle vient d'adopter la législation sur la parité. Un acquis de taille pour les femmes tunisiennes qui devront travailler davantage afin que leur accès à la sphère politique puisse engendrer et accompagner le changement. Le Programme des Nations Unies pour le Développement vient d'organiser à Hammamet la première université d'été pour les femmes politiques sur le thème : la préparation de la campagne électorale. L'Institut national démocratique, organisation à but non-lucratif oeuvre en vue de renforcer et d'élargir la démocratie dans le monde entier. Il a animé durant cette université d'Hammamet une série de débats sur les défis des campagnes électorales et le rôle des élus. Faisant appel à un réseau mondial d'experts volontaires, il a fourni une assistance pratique aux partis présents et aux dirigeants de la société civile et politique qui luttent pour la promotion des valeurs, pratiques et institutions démocratiques. Gabriella Borovsky représentante de cet institut a bien voulu nous expliquer quelles sont les clés du succès d'une campagne électorale et les erreurs à éviter pour les candidates ? Comment comprendre les tenants et les aboutissants de chacune des étapes et utiliser au mieux les financements et le temps pour réussir ? Le Temps : Quelles sont les conditions idéales pour que la candidate réussisse sa campagne électorale ? Gabriella Borovsky : Tout d'abord, la candidate doit disposer d'une feuille de route qui guide la campagne et jusqu'à sa fin. Une campagne est à l'image d'un challenge sportif : il faut gagner. Il faut savoir s'organiser, motiver, impliquer, former et élargir son équipe. Il faut savoir positionner stratégiquement son projet, définir son plan de campagne, sa stratégie de communication, son programme électoral, son identité, effectuer une campagne test et se rapprocher des stratégies politiques à succès Une campagne nécessite des moyens humains ? Une candidate doit s'entourer des services d'un corps de militants et des bénévoles qui partagent ses idées et qui croient à son programme électoral. Les bénévoles sont au cœur d'une campagne électorale et aident à faire fonctionner la démocratie. - Et aussi des moyens financiers ? Une autre stratégie consiste à user judicieusement des ressources financières dans la conduite de la campagne électorale. Les règles de financement des campagnes diffèrent d'un pays à un autre et d'un code électoral à un autre. Il y a des règlements à respecter dans chaque pays. Le financement est important, mais une bonne équipe des personnes qui aident une candidate à gagner son élection est souvent plus déterminante que le financement. - La communication est-elle importante durant la campagne électorale ? Elle est essentielle pour la réussite de la candidature. La candidate doit se rapprocher des électeurs, mobiliser tous les moyens de communication comme les journaux, la télé, la radio. Mais la communication directe, personnelle et individuelle doit primer. Il faut faire du porte-à-porte, parler avec les gens, sillonner rues et ruelles, villes et campagnes pour transmettre le message qui doit être bien conçu, constant, cohérent et compréhensif. - Le réseau social a aussi un rôle à jouer ? Les médias sociaux sont des compléments très utiles pour la campagne. Facebook, Twitter et les blogs peuvent aider une candidate à passer son message plus facilement. Mais, il est important que ces outils ne remplacent pas les activités d'une candidate sur le terrain. Rien n'est plus efficace que la communication directe avec les électeurs. - Le rôle de la société civile est-il déterminant dans la réussite d'une campagne électorale ? La société civile et les partis politiques ont des rôles complémentaires. La société civile a un rôle essentiel pour sensibiliser et mobiliser les électeurs et pour informer les candidates sur les priorités et attentes des citoyens. La société civile est donc un soutien important pour les politiciennes. - L'image de la femme pourra-t-elle jouer pour la candidate aux élections ? L'image compte aussi. Une candidate qui est perçue comme honnête, qui communique bien et qui présente son programme avec force et conviction gagnera la confiance des électeurs. - Que pensez-vous de cette législation sur la parité en Tunisie ? La parité est un acquis important pour les tunisiens et l'un des accomplissements majeurs de la Révolution. La parité du système électoral est un exemple à suivre pour le reste du monde. La présence des femmes sur les têtes des listes de l'élection du 23 octobre doit aussi être consolidée si la parité dans l'assemblée constituante doit être réussie.