La Chambre régionale des Architectes d'Intérieur de Sfax (CRAIS) vient d'organiser, à l'occasion de son premier anniversaire, un séminaire international centré sur le thème : « L'architecture d'intérieur entre rêve et réalité, portrait d'une discipline ». Se sont associés à l'organisation du séminaire, l'Institut Supérieur des Arts et Métiers de Sfax et la Fédération Nationale des Architectes d'Intérieur. Comme annoncé dans son intitulé, le colloque de Sfax s'est articulé autour de deux objectifs principaux auxquels se sont greffées des questions annexes. Il s'est donné comme premier objectif de promouvoir le métier. D'après les professionnels, la discipline de par sa vocation créatrice et structurante, est pourvoyeuse de confort et de bien-être, à travers un jeu subtil sur le fonctionnel et l'esthétique. Plus qu'un artiste qui agrémente l'espace et enjolive le cadre de vie de ses clients, l'architecte d'intérieur serait la fée créatrice d'ambiance ou le rêveur inspiré qui transforme un espace austère en un lieu de repos visuel où règne une atmosphère de sérénité, de quiétude et de détente. Khalil Fourati, président de la CRAIS, va plus loin encore attribuant un rôle important à la spécialité dans la promotion du tourisme en Tunisie, non seulement à travers la touche des architectes d'intérieur qui revalorise certainement l'espace intérieur des hôtels mais également à travers la promotion de l'artisanat national aux immenses potentialités encore inexploitées. Anas Drira, assure, pour sa part, que le recours d'un architecte d'intérieur dispense le client du gaspillage de temps et d'argent occasionné par les immanquables réaménagements et autres retouches lors des travaux de construction ou de décoration ce qui contribue nécessairement à alléger les coûts de construction et à accélérer le rythme d'avancement du chantier. Le séminaire de Sfax, outre sa dimension promotrice, s'est soucié de l'avenir des professionnels, comme il s'est penché sur les orientations à prendre dans l'enseignement de la discipline, particulièrement en matière d'adaptation du cursus universitaire et de la formation en général aux exigences du marché, thème central de la communication de Chama Gargouri Hbaieb. Or, et c'est là le deuxième objectif du séminaire des 29 et 30 juin, la spécialité est en butte à un amalgame préjudiciable tant des points de vue moral que matériel. D'où la volonté de préciser l'identité de la discipline et de lever l'amalgame entre architecte d'intérieur, architecte et décorateur. L'architecte est celui qui « dresse les plans d'un édifice et en tant que maître des œuvres, en dirige l'exécution. Un décorateur, lui, a pour principale tâche le travail d'apparat, touchant aux différents matériaux de décoration, comme la peinture, le papier peint, les revêtements muraux, dans la phase de finition du projet. Par contre, la tâche de l'architecte d'intérieur est plus complexe et touche à l'organisation de l'espace d'intérieur, de la circulation jusqu'au traitement d'ambiance. Dans sa démarche conceptuelle, il combine à la fois le fonctionnel et l'esthétique. Faisant œuvre de création, il s'engage dans un processus complexe qui exige une démarche réflexive où se mêlent le culturel, le philosophique et le sociologique et qui touche plusieurs domaines avec, y compris, le recours aux nouvelles technologies. » Les professionnels pointent également l'index vers d'autres préjudices . On cite à ce propos, la concurrence déloyale, de la part d'intrus comme les dessinateurs ou de bon nombre d'architectes et de décorateurs. D'autre part, les architectes d'intérieurs se disent lésés étant ignorés dans les concours concernant les projets publics où il est fait appel à d'autres corps de métiers tels les ingénieurs fluides, en électricité ou en bêton.. Par ailleurs, même s'il arrive que l'architecte fasse appel aux services d'un architecte d'intérieur, c'est souvent une forme de saupoudrage car il s'agit généralement d'un stagiaire. En somme, les architectes d'intérieur aspirent, faute d'une conformité parfaite, à un rapprochement entre l'état des lieux et l'état de l'art.