Il semble que les affaires de consommation, détention et écoulement de drogue soient légion, si l'on se réfère au nombre de ces délits qui sont pratiquement le lot quotidien des tribunaux compétents en la matière. En effet, dix personnes ont comparu dernièrement devant les magistrats pour répondre de ce délit. Un jour, l'attention d'une ronde de police a été attirée par le comportement bizarre de deux individus qui, à la vue des agents de l'ordre, se troublèrent et l'un d'eux prit ses jambes à son cou. Quant au deuxième il resta planté sur sa moto. En le fouillant, les policiers trouvèrent sur lui près de 250 grammes de cannabis. Emmené au poste et pressé de questions, il reconnut qu'il s'approvisionnait de cette drogue auprès d'un dealer qui écoulait cette dernière à des prix abordables. Il avoua encore qu'il avait fait connaissance avec ce dernier du temps où il travaillait comme boucher à Kasserine, dans une région limitrophe de l'Algérie, et gagnait bien sa vie. Au fil des jours, il noua également connaissance avec un Algérien qui essaya de le convaincre de s'approvisionner auprès de lui. D'autant plus qu'il devait à son tour en fournir les toxicomanes à des prix fort intéressants. Ils s'étaient alors jurés fidélité et solidarité à tel point qu'il lui demanda de changer de lieu pour qu'il ne soit pas repérable. Il reconnut aux agents avoir acheté la plaque de stupéfiant auprès de l'Algérien qui se révéla, en fait, un véritable complice, habitué à ce genre de trafic. Lors de l'interrogatoire, l'accusé avoua aux enquêteurs qu'il fournissait les stupéfiants mais n'en consommait pas. Ce qui a été d'ailleurs vérifié. Munis du signalement des complices, les policiers finirent par les appréhender. Et les dix accusés furent ensuite déférés au parquet pour répondre de leurs actes. Quant aux cinq autres prévenus ils sont encore en cavale. Bien que plusieurs d'entre eux avouèrent, les autres inculpés réfutèrent catégoriquement l'accusation, et clamèrent leur innocence. Ils ont comparu devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis pour détention, consommation, et écoulement de produits stupéfiants. Il figure même parmi les inculpés un élève en classe terminale. A l'audience, et en guise de diversion chacun des complices a relaté une version. L'un d'eux affirma qu'il a été impliqué dans cette affaire parce qu'il a agressé son complice dans un café au vu et au su de tout le monde et pour se venger de lui, ce dernier l'a « fourré » dans cette affaire. Le deuxième prévenu souligna qu'il a été impliqué lui aussi à titre de règlement de comptes parce qu'il avait emprunté la somme de 500 dinars à l'un d'eux, qu'il n'a pas encore récupérée. Mais rien n y fit, malgré leurs repentirs, les toxicomanes n'échappèrent pas à la sentence. L'accusé principal demanda la clémence du tribunal, tandis que les autres prévenus nièrent l'approvisionnement et confirmèrent la consommation, et altèrent même jusqu'à nier catégoriquement les faits. Un autre devait souligner qu'il n'a jamais eu l'intention de commercialiser les produits qu'il utilisait. Sur ce, leurs avocats demandèrent à la cour les circonstances atténuantes pour les consommateurs et récusèrent l'accusation d'écoulement de stupéfiants que rien ne justifie, ni ne prouve à travers les pièces du dossier. Quant à l'avocat des dealers, il sollicita lui aussi les circonstances atténuantes pour ses clients d'autant que l'un d'eux a encore la charge de ses parents âgés, tandis que le second est nouvellement marié. Le tribunal rendra son verdict ultérieurement.